La réalité 2020 n’est pas facile pour les agriculteurs. C’est une année pendant laquelle les pertes financières viendront prendre la place des revenus espérés.
C’est sec, beaucoup trop sec. Le manque de pluie et les chaleurs qui ont frappé la région font en sorte que l’agriculture est fortement touchée. Le blé, le soya et le maïs sont abimés. Pour ce qui est des légumes, l’avenir est encore incertain.
André Marleau, membre de l’exécutif de l’Union des producteurs agricoles de Vaudreuil-Soulanges, est inquiet. Très inquiet même. « C’est évident que le manque d’eau va affecter le rendement, confirme André Marleau qui est lui-même agriculteur. Il va y avoir des pertes. Ça sera facilement de 20 à 30 % des récoltes. »
Si pour certains ce genre de pertes est acceptable, pour les agriculteurs, elles représentent un déficit à prévoir. « Les agriculteurs ne font pas 30 % de profits sur ce qu’ils sèment, indique M. Marleau. Ces pertes de matières se transformeront en pertes financières. Cela veut aussi dire que les agriculteurs travailleront pour pratiquement rien cette année. Également, en plus des pertes, les agriculteurs qui ont des bêtes devront dépenser pour acheter du foin pour nourrir les troupeaux. Inévitablement, le nombre de bêtes va baisser. »
André Marleau avoue que la météo a considérablement changé dans les dernières années. « Avant, nous pouvions compter sur la pluie. Maintenant, c’est différent. En plus d’être chaud, il ne pleut plus. Selon les dernières statistiques et compte tenu de la réalité, il est prouvé que 50 % des fermes agricoles seront en difficulté financière dès l’an prochain. »
Assurance
Trop facile de croire que les agriculteurs n’ont pas à s’en faire puisqu’ils seront compensés par leurs assureurs. Ça ne sera pas le cas. André Marleau explique que les compagnies d’assurances ne couvrent pas le premier 20 % des pertes.
« Un agriculteur qui perd 20 % de ses récoltes doit assumer sa perte complètement. Par la même occasion, c’est l’équivalent d’avoir fait du bénévolat toute l’année. Il faut comprendre qu’il y a de moins en moins de profits en agriculture au Québec. Nous devons avoir des prix qui sont concurrentiels avec les Américains. Donc, nos marges de profits sont déjà très basses. Ça ne pourra pas être ainsi continuellement. »
Retraite
L’âge moyen des agriculteurs est élevé. Si plusieurs avaient en tête de prendre leur retraite d’ici 5 ans, la réalité du moment pourrait faire en sorte que certains agriculteurs pourraient être tentés de la devancer. Toutefois, la relève n’est pas nécessairement au rendez-vous.
Des vents trop forts
Une certaine quantité de plus est tombée sur la région les 23 et 24 juin dernier. À certains endroits, comme Rigaud, l’accumulation a été de 30 millimètres. Même si cela a été accueilli de façon positive, les vents forts qui ont suivi sont venus annuler l’effet des précipitations.
« Les vents ont asséché le sol en peu de temps. La pluie n’a pas eu le temps de pénétrer suffisamment. Je le répète, le climat a réellement changé », assure M. Marleau.
Acheter local, la seule solution
André Marleau insiste sur l’importance plus que jamais d’acheter local. « Le consommateur ne s’en rend pas compte, mais en achetant local, il fait une énorme différence. Le produit a souvent été récolté le matin même. Donc, en plus de consommer un produit plus frais, il consomme un produit qui n’a pas parcouru des milliers de kilomètres et qui a été arrosé par des agents de conservation. »