En février dernier, Hydro-Québec a annoncé qu’il projette construire un poste à 120-25 kV à Coteau-du-Lac et une ligne d’alimentation à 120 kV où le point de raccordement serait situé à Les Cèdres. Deux tracés ont alors été proposés, impactant des producteurs agricoles de la région à différents niveaux.
Sachant qu’Hydro-Québec planifiait une ligne électrique sur ce territoire, en juin dernier, Ange-Marie Delforge, présidente du Syndicat de l’UPA de Vaudreuil-Soulanges, leur a proposé trois tracés vers le sud pour éviter de passer sur des terres agricoles : près du canal de Soulanges, près de l’autoroute 20 et près du chemin de fer. Cependant, aucune de ces propositions n’a été retenue. Alors que les zones proposées par Mme Delforge nécessitent une coupe d’arbres et de possibles déplacements d’animaux en zones humides, celles d’Hydro-Québec seraient déjà entretenues. En d’autres mots, en passant sur des terres agricoles, la société d’État québécoise éviterait de devoir préparer un terrain en vue de la construction de la ligne électrique.
Mme Delforge et des producteurs agricoles tiennent à ce qu’Hydro-Québec n’empiète pas sur leur lieu de travail. « On travaille très fort pour qu’ils aillent le plus possible au sud. On est prêt à céder du bois et des parties de terre pour que ce soit moins dommageable à l’agriculture », a souligné la présidente du syndicat.
Une rencontre avec les producteurs agricoles
Le 13 février dernier, une rencontre organisée par Mme Delforge et Hydro-Québec eut lieu afin de présenter les deux tracés et laisser la parole aux producteurs agricoles de la région.
La raison derrière l’installation d’une nouvelle ligne électrique s’expliquerait par le développement de la région qui nécessite d’alimenter le parc industriel, les zones commerciales et les zones résidentielles. « C’est encore nous, les producteurs agricoles, qui en subissent les conséquences », a expliqué Mme Delforge, bien qu’elle comprenne les besoins d’électricité de la région.
Des impacts à long terme
À court terme, selon la présidente du syndicat, les récoltes pourraient être abimées et la terre pourrait être compactée par la présence d’une ligne électrique. Les machines utilisées de nos jours en agriculture seraient plus larges qu’auparavant laissant ainsi une partie autour du poteau qui ne pourrait pas être cultivé.
Selon Mme Delforge, il y aurait cependant plus d’impacts à long terme. Les fermes laitières seraient potentiellement affectées puisque les vaches laitières pourraient produire moins en étant très sensibles aux champs magnétiques.
Hydro-Québec a précisé qu’aucune ligne ne passera sur les fermes maraichères du fait de leurs systèmes d’irrigation. Les cultures conventionnelles seraient donc plus visées, et n’auraient pas la possibilité de modifier leur culture dans le futur : « la relève ne pourra jamais faire de légumes, car elle ne pourra jamais installer de système d’irrigation, donc on hypothèque cette terre », a poursuivi Mme Delforge.
Passer une ligne électrique sur des terres agricoles complexifierait aussi l’agrandissement de certaines fermes et pépinières. Les producteurs qui effectuent des rotations avec leurs voisins seraient aussi touchés par ce projet.
Bien que les producteurs agricoles touchés par le tracé puissent obtenir une compensation financière, selon Mme Delforge, la valeur de leur terre diminuerait considérablement.
Un tracé encore à l’étude
Pour le moment, rien n’est certain. Les deux propositions de tracés d’Hydro-Québec sont encore à l’étude. Selon les informations obtenues par Ange-Marie Delforge, une décision devra être prise à l’été 2023 pour la construction de la ligne prévue pour 2025.
La présidente de l’UPA a écrit une résolution qui explique en détail les inquiétudes des producteurs agricoles et les propositions de tracés vers le sud. Cette dernière a par ailleurs demandé à Hydro-Québec de lui revenir avant de prendre une décision finale pour laisser place à d’autres négociations. « J’ai une bonne collaboration avec eux et je pense qu’ils vont le respecter et nous recontacter », a-t-elle souligné.
« Je suis inquiète parce que tant que ce n’est pas finalisé, on ne sait pas où est le tracé. On sent Hydro-Québec de bonne foi, mais ils ne sont pas seuls et on sent une réticence au niveau de l’environnement et du MTQ », a conclu Mme Delforge. Même si elle sent une collaboration de la part d’Hydro-Québec, elle reste inquiète pour les terres agricoles de la région.