Une centenaire à Saint-Lazare | VIVA MÉDIA Skip to main content

Le 12 novembre dernier, Mme Irène Chevrier Poirier fêtait ses 100 ans en compagnie de sa famille, de ses amis et de son curé.

(Photothèque)

Les yeux pétillants de vie, le sourire accueillant et l’esprit alerte, Irène ne laisse pas facilement transparaître les années qui se sont accumulées dans son bagage. Serait-ce la fierté? Difficile à dire, mais elle ne manque certainement pas de coquetterie et de charme, laissant souvent un petit clin d’œil apparaître tout en parlant avec une voix chaleureuse.

« Racontez-nous, Mme Chevrier, racontez-nous comment vous en êtes arrivée à cent ans. » Le sourire toujours aussi expressif, elle songe tout en disant : « oh mon Dieu, par où commencer? J’en aurais tellement à vous dire. » Il ne s’agit pas en effet d’une semaine de vacances, ou d’une journée de travail, mais bel et bien d’une vie remplie et riche d’expériences.

Ses origines

« Je suis née en 1918 et lorsque j’avais à peine 16 mois, j’ai perdu ma mère. Ma sœur qui avait 17 ans a assumé le rôle de mère » dit-elle avec expression. C’était le début d’une longue histoire qui s’entamait ainsi sur une note plutôt triste, mais qui ne semblait pas du tout abattre ce bout de femme encore plein d’énergie.

Se souvenant de ces années d’enseignement, elle se dit heureuse et reconnaît que c’était réellement sa vocation. Les années où elle devait enseigner de la première à la septième année dans la même classe, les jours de froid où son père allait la reconduire à cheval, les nombreuses années de mariage avec son époux, les années avec une radio comme seul divertissement, l’apparition de la télévision, le développement de notre région, etc. Font tous partie de ces nombreux souvenirs qu’elle accepte de déterrer avec une joie contagieuse.

Une vie remplie au fil des ans.

« Et aujourd’hui? Vous en dites quoi? Comment voyez-vous la société? » Rehaussant les épaules, elle reste fidèle à ses principes d’ouverture et de non-jugement et déclare « Je n’ai rien à dire… disons qu’ils ont tout! Ils sont bien, ils ont tout! »

Pour une âme à la santé fragile qui affrontait de dures conditions de vie et de travail pour s’accomplir, elle ne garde que d’heureuses mémoires! « Je l’ai connu quand j’allais à l’école sur le chemin Saint-Angélique. J’ai ensuite marié sa fille! C’est pour vous dire que je la connais depuis vraiment longtemps. Je peux affirmer que je ne l’ai jamais vu triste. Elle a toujours été de bonne humeur » partage son gendre, Gilles Gareau, qui alimente les histoires de Mme Chevrier Poirier par ses propres souvenirs.

De fait, elle ne semblait qu’avoir du bon et du bien à dire, la seule mémoire qui semblait l’avoir plongé dans la tristesse était celle de la Deuxième Guerre mondiale. Pour le reste, un optimisme fidèle à lui-même. Même pour les jeunes, elle n’a pas vraiment de conseil. Elle souhaite le bonheur pour tous. Voilà, le bonheur! N’est-ce pas justement son secret? Le bonheur!

Parler des jeunes, la ramène toutefois rapidement à ses deux petits jumeaux, Alexis et Gabriel, qu’elle dit aimer de tout son être. En fait, elle n’avait pas besoin de le dire, la seule mention de ces derniers suffisait pour réanimer tout son corps qui semblait parfois succomber à la fatigue et à l’émotion du moment. « J’les aime donc » dit-elle à plusieurs reprises parlant de ses jumeaux qui sont ses arrières petits-enfants. « Je leur souhaite du bonheur. Je voudrais tant qu’ils soient heureux.

J’veux juste pas qui fument, je n’ai jamais fumé moi et je ne voudrais surtout pas qu’ils fument » dit Irène avec un regard de nostalgie qui l’a renvoyais probablement à son âge et aux années qui lui reste.

Des conseils simples pour les jeunes d’aujourd’hui

Voilà un conseil tout aussi simple que la dame qui fête ses cent ans, ne pas fumer! Et pourquoi chercher plus loin? La simplicité n’est-elle pas à la source du bonheur? Elle semble l’être pour Irène qui, après avoir reçu des bénédictions du pape François, de l’évêque du diocèse, Noël Simard, des certificats de la Reine d’Angleterre, du premier ministre et des élus de notre région, semble heureuse surtout du simple fait que c’est son curé bien aimé, Gérald Sarrault, qui a fait tout cela pour elle.

Ses joies? Sa fille, son gendre, sa petite-fille et ses arrières petits jumeaux. Ah, ces jumeaux qui lui donnent vie et qui lui tiennent compagnie régulièrement! Irène les yeux remplis d’amour pour sa famille et ses proches, les conseils simples, remplis de bon sens, nous rappelle que les plus grands bonheurs sont parfois dans les recettes les plus simples.

Cent ans, voilà! Toute une vie pour une dame de Saint-Lazare qui a vu bien des tempêtes et bien des transformations dans notre société et notre monde.

Nicola Di Narzo

Journaliste

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