David Ouellet est un enseignant en Éthique et culture religieuse qui a travaillé pendant 17 ans à l’école secondaire du Chêne-Bleu. Le 7 juin dernier, dans une publication sur sa page personnelle Facebook, il annonçait son départ. Plus de 100 commentaires d’anciens élèves et plus de 550 réactions plus tard, il en a marqué plus d’un. Sans le savoir, son choix de carrière et sa manière d’enseigner allaient changer la vie de plusieurs jeunes adolescents.
David Ouellet est un enseignant dévoué.
Crédit photo: David Ouellet
M. Ouellet a commencé à travailler au Chêne-Bleu en 2006 en éducation physique. Après un accident qui lui a touché les ligaments croisés, il est devenu enseignant en Éthique et culture religieuse, une matière qui lui offrait une grande flexibilité en termes d’enseignement. L’important est de transmettre le vivre-ensemble et la reconnaissance de l’autre à leurs étudiants. Les moyens pour y arriver eux peuvent varier.
La particularité de M. Ouellet est sa proximité avec ses élèves et leurs réalités. « J’ai toujours eu la sensibilité et l’idée de m’approcher le plus de la réalité des jeunes de 16-17 ans pour travailler les moyens de comprendre des thématiques tels que la justice, l’ambivalence ou l’avenir de l’humanité », explique-t-il.
Sa méthode implique une mise à jour continue de l’actualité afin de bien adapter son programme aux élèves devant lui. « C’est là que je rejoignais le plus, je pense, les élèves avec qui je travaillais. C’est en essayant d’être concret et de leur donner des outils au quotidien pour faire passer finalement la matière ». En effet, selon Karl Mondoux-Chalut, un ancien élève, M. Ouellet s’intègre à ses étudiants et à leur réalité pour être en mesure de venir chercher leurs intérêts, de les amener « à réfléchir et à voir les choses sous plusieurs angles ».
Un apprentissage mutuel
L’échange qu’il priorise dans ses classes fait de lui un enseignant respecté par ses élèves. M. Ouellet est ouvert aux différentes opinions et est à l’écoute des jeunes. Cet échange se fait donc dans les deux sens grâce notamment à l’interculturalisme au Chêne-Bleu. « Ça permettait d’avoir un ensemble de personnes qui partage leurs savoirs en termes de culture religieuse par exemple, souligne-t-il. Ma vision du monde a changé. J’ai pu rencontrer des jeunes qui ont des cultures différentes ».
À l’écoute de ses élèves
David Ouellet a marqué la vie d’une majorité de ses élèves. Alors que pour certains, il est leur professeur préféré du secondaire, pour d’autres, il a été une source d’inspiration, il a été un modèle et un guide.
Maryse Renaud est enseignante en ECR. Ancienne élève de M. Ouellet, elle se souvient de l’impact positif qu’il a eu sur ses élèves. « Il était patient avec nous, il nous faisait toujours sentir comme si nous pouvions nous exprimer en sécurité, sans jugements. Il nous donnait énormément de place pour nous exprimer sans jamais que l’on sente que notre idée n’était pas bonne », explique-t-elle. Après avoir vu l’impact positif de M. Ouellet sur sa cohorte, notamment grâce à la création de la brigade X pour réduire l’intimidation, Maryse a voulu elle aussi voulu aider des élèves et les guider.
M. Ouellet est à l’écoute de ses élèves et prend le temps de s’assurer qu’ils vont bien malgré qu’il soit occupé. Karl a toujours eu de la difficulté à l’école. « Il a compris que j’avais des besoins différents, que j’avais besoin d’une autre méthode d’enseignement moins traditionnel. Il savait que dans ma vie personnelle ça n’allait pas super bien et à tous les cours ou toutes les fois qu’on se croisait, il prenait deux-trois minutes et on en parlait », explique-t-il.
Même si son horaire était chargé, M. Ouellet prenait le temps de prendre des nouvelles de ses élèves. « Pour cela, je vais lui lever mon chapeau parce que plusieurs fois au secondaire où si ce n’était pas d’une discussion avec lui, aujourd’hui, je ne serais plus là », poursuit Karl. Encore aujourd’hui, il écrit à M. Ouellet lorsqu’il a besoin de se confier à quelqu’un et ce dernier répond toujours.
Un enseignant passionné
« M. Ouellet a tellement la passion d’enseigner qu’on ne peut pas être dans son cours sans sentir cette passion et celle d’être avec les jeunes, de les instruire et de faire des petits changements dans leur vie », explique Karl.
Son but en tant qu’enseignant est de faire réaliser aux 150-250 élèves qu’il a chaque année qu’ils sont des êtres humains importants. « Juste que les jeunes aient l’esprit critique par rapport à tout ce qui les entoure. C’est ça le changement que je peux faire dans la société. D’impacter positivement ces élèves qui à leur tour vont faire rayonner cela dans leur parcours à eux et faire progresser la société dans laquelle ils évoluent », explique-t-il.
Même pour sa collègue de travail, Ginette Grenier, « il est un exemple d’enseignant incroyable et il est un exemple parfait d’être humain dont on aurait tous besoin d’avoir dans notre vie ».
Souvent, David Ouellet va recevoir des commentaires d’anciens élèves soulignant le fait qu’il leur a appris des choses utiles pour la vie. « C’est ce dont je suis le plus fier, souligne-t-il. L’impact que je croyais avoir au quotidien ou dans une année, je m’aperçois que c’est rester, ce sont des choses que des gens rendus adultes portent en eux ».
Une page qui se tourne
« Quitter le Chêne-Bleu c’est quitter mon premier amour. C’est 17 ans de toute ma vie, c’est mon départ du Saguenay, ce sont des collègues incroyables, des gens qui m’ont appris tellement de choses, mais c’est aussi un interculturalisme et de diversité bouillonnante au Chêne-Bleu que j’adore ! C’est difficile de partir », souligne M. Ouellet. Bien que ce soit une étape difficile pour cet enseignant, une nouvelle aventure l’attend, cette fois-ci à une nouvelle école secondaire à Saint-Zotique.
Pour M. Ouellet, il ne sera que de continuer à enseigner à sa manière et d’impacter les jeunes et développer leur esprit critique. « Je suis vraiment content de développer et transmettre cela ailleurs, dans une nouvelle école », termine-t-il.