Il y a quelques années en Chine, les parents conseillaient leurs enfants sur leur choix de carrière. Rêvant d’être professeure ou avocate, Hong Guo a suivi la voie qui semblait lui être due. Quelques années plus tard, elle a pris un tout autre chemin qui l’a amené au Québec et qui lui permet de s’épanouir aujourd’hui.
Crédit photo : Noémie-Florence Faubert
Issu d’un père professeur d’université, Hong entreprend des études supérieures pendant quatre ans en vue d’être ingénieure mécanique. Bien qu’elle n’aime pas ce qu’elle apprend, elle persévère et performe pour son honneur et celui de sa famille. En Chine, si tu commences un projet, tu dois le terminer. Pendant 17 années, elle pratique ce métier traditionnellement réservé dans les usines de sa belle-famille.
Après ses études, Hong épouse son conjoint Tao avant d’accueillir leur fils. À ce moment, elle engage une femme de ménage et cuisinière qui travaille pour la famille pendant douze ans. Durant toutes ces années, Hong n’a jamais cuisiné. Ce qu’elle ne sait pas c’est qu’un jour, la cuisine fera partie de son quotidien.
À la poursuite de ses rêves
C’est à l’âge de 39 ans que Hong fait le grand saut : elle quitte la Chine. Ce pays qu’elle connaît depuis toujours, ce pays où elle a grandi, où elle pratique un bon métier conventionnel. Elle le fait pour l’avenir de son fils, pour cesser de travailler avec la famille, mais aussi pour enfin faire quelque chose qu’elle aime.
Hong arrive au Québec le 24 juin 2009. Comme elle le fera souvent dans son futur, elle brise les préjugés. Une fois sur sa nouvelle terre d’accueil, elle ne choisit pas la voie facile. Elle s’inscrit à un programme de francisation à l’Université de Montréal puisque pour elle, il faut apprendre le français avant tout. Malgré ses peurs, elle n’a jamais reculé devant un défi. Après cette année à apprendre une nouvelle langue, elle poursuit ses études avec un certificat en français langue seconde à l’Université de Montréal.
Cherchant un métier qu’elle pourrait pratiquer, Hong s’oriente vers l’achat d’un petit café. Cependant, un nouveau défi se présente : elle ne sait pas comment faire des biscuits ni des muffins. Il est alors impensable pour elle d’en faire l’acquisition. Elle décide de s’inscrire dans un programme de boulangerie à l’École Hôtelière de Montréal Calixa-Lavallée. Elle est acceptée. Cet événement marque le début de sa nouvelle vie professionnelle.
Travailler plus fort que jamais
Pendant 10 mois, elle étudie le métier de boulangère pour apprendre les différents termes avant de se lancer dans ce qu’elle veut vraiment : devenir pâtissière. Les défis se sont accumulés. Hong étudie trois fois plus longtemps que ses collègues, elle est la seule étrangère et ne comprend que très peu de mots en classe. Malgré tout, elle n’abandonne pas. Lors de travaux d’équipe, personne ne veut se mettre avec elle. Un jeune étudiant l’approche et c’est en équipe qu’ils se sont entraidés, lui, en lui apprenant de nouveaux mots, elle en l’aidant à développer son côté pratique.
Sa réalité d’étudiante est bien différente de sa vie en Chine. Ses journées débutent à 5 h et se terminent à 22 h. Elle jongle entre ses études, ses stages et sa vie de famille. Pour chaque examen, elle étudie chaque mot relié à la boulangerie : batteur, eau, levure, etc. « Même si je ne comprenais rien, j’aimais ça », se souvient-elle. À chaque occasion qu’elle a, elle cuisine à la maison ce qu’elle a appris en classe.
Après avoir obtenu son diplôme, elle poursuit ses études en pâtisserie pendant un an. Elle se démarque dans son domaine malgré la barrière de la langue. Beaucoup de personnes de son entourage ont tenté de lui dire quoi faire, de la faire changer d’avis ou bien de la décourager. Hong a continué. Elle a réussi. Pour elle, chaque décision la rapprochait de son rêve : avoir son entreprise.
Lors de l’achat de la boulangerie à L’Île-Perrot en 2017, l’entreprise rencontrait quelques difficultés. Malgré cela, elle a voulu relever le défi. Après deux années à contrer les préjugés qui lui ont fait perdre des clients réguliers, après la bataille contre un cancer féroce et une pandémie, son entreprise va mieux que jamais. Hong est épanouie. Elle pratique un métier qui la passionne, qui rend les gens heureux, le tout, dans un pays qu’elle adore.
Bien que son parcours de vie soit caractérisé de hauts et de bas, Hong n’a jamais abandonné. Elle est allée à la poursuite de ses rêves en prenant des risques. « Maintenant, j’ai ma vie entre les mains alors qu’avant ce n’était pas le cas. La passion vaut plus que l’argent », conclut Hong, passionnée de son métier.