Saint-Lazare – Est-ce humainement plausible de parcourir en vélo la distance de 808 km en solo, sans dormir, dans un temps de 33 heures et 27 minutes avec un dénivelé cumulatif de 8850 mètres qui représente l’équivalent du Mont Everest?
L’ultracycliste Jean-François Trudeau a parcouru la distance de 808 km en 33 heures et 27 minutes sans dormir au 6e Défi Bonneville à Mont-Tremblant.
(Photo: Myriam Laroche – Gary Yee)
L’ultracycliste Jean-François Trudeau peut répondre dans l’affirmative à cette question après avoir réussi au Mont-Tremblant l’épreuve ultime du Défi Bonneville au profit de la Fondation de l’Athlète d’excellence du Québec. Le résident de Saint-Lazare est devenu seulement la 10e personne en 6 ans à réaliser cet accomplissement d’une vie et le premier de la région du Suroît à rendre possible ce projet « un peu fou » de son propre aveu.
Directeur et instructeur du Karaté Sportif Vaudreuil, l’athlète âgé de 47 ans enfourche régulièrement sa bécane depuis 2015 mais ce n’est qu’en 2018 qu’il a pris la décision de relever des défis toujours plus difficiles et inspirants. Ses participations aux événements « Cinglés du Mont-Ventoux » (3 fois en un jour), « Everesting » (10 000 mètres) et « Défi Bonneville 404 km » en 2021 ont pavé la voie pour cette nouvelle aventure.
« J’ai attrapé la piqûre en 2019 au Mont Ventoux en France. C’est à partir de cette année-là que je me suis entraîné sérieusement en dépassant les 7000 kilomètres à vélo », relate Jean-François Trudeau, qui en était à sa 5e présence au Défi Bonneville. Après avoir atteint les distances de 200 km, 250 km et 400 km en deux jours, il s’est donné à fond pour pédaler sur 404 km en une seule journée l’année dernière, obtenant le 5e temps de 15h07.
Cette année, Jean-François a mis toutes les chances de son côté en retenant les services d’une coach de vélo, d’une physiothérapeute et d’une nutritionniste. Le mois précédant l’ultramarathon cycliste de 808 km, en août, il a cumulé 100 heures à vélo sur une étendue totale de 2500 km. Une préparation qui allait éventuellement lui faire vivre « des émotions incroyables » ainsi que des « souvenirs éternels » avec sa famille et son équipe.
Jean-François ne cache pas qu’il lui a fallu trimer dur pour compléter ce défi gigantesque avec le 4e chrono de l’histoire. « J’ai dû passer à travers beaucoup d’adversité sur le plan physique, mécanique, émotionnel. La météo s’est avéré un autre facteur important. Le brouillard a posé une forte difficulté et la température est passée à 0 degrés durant la nuit. J’ai eu besoin de 3 vestes, deux pantalons, des gants d’hiver et une tuque », raconte l’ultracycliste.
« J’étais gelé et j’ai eu des crampes pendant quelques heures. Heureusement on avait prévu du bouillon de poulet chaud. Ça fait une différence. En août, une partie de mon entraînement consistait à amener mon corps à soutenir la nutrition nécessaire et voir ce qui ne fonctionnait pas. Car pour moi, c’est 100 à 120 grammes de glucide par heure, non-négociable, en plus des électrolytes et de ton hydratation (700ml/heure). Tu n’as jamais faim mais tu ne dois pas tomber en retard sur ton plan nutritionnel car tu ne pourras pas rattraper en mangeant plus. Tu es déjà au maximum, et c’est là que ton équipe a un rôle important à jouer en s’assurant que je respecte mes cibles. J’ai dépensé 18 000 calories durant l’épreuve, c’est une semaine de repas », élabore Jean-François Trudeau.
À travers toutes ces péripéties, l’athlète n’a jamais songé à abandonner. « Le mental a tenu bon et j’ai poussé mon corps à son maximum », se réjouit celui qui a pimenté le Défi en livrant une bataille pour le premier rang au recordman de l’épreuve de 808 km, Dany Bonneville, qui a ultimement retranché deux heures à sa marque personnelle de 32h50.
En plus de vivre un sentiment d’accomplissement inégalé, Jean-François Trudeau a récolté des commandites totalisant 2500 $ pour la Fondation de l’athlète d’excellence du Québec, qui a remis 173 000 $ en bourses à 53 étudiants-athlètes émérites à la suite de la 6e édition du Défi 808 Bonneville.
« Je souhaite passer comme message qu’il n’y a pas de rêve trop grand et de défi trop difficile pour ceux et celles qui sont prêts à mettre les efforts et faire les sacrifices nécessaires », devait conclure Jean-François Trudeau, qui compte revivre l’expérience du Défi de 808 km en 2023. Dans le futur, l’ultracycliste aimerait possiblement prendre le départ à la « Race across America », une épreuve de 5000 km couvrant les États-Unis de l’Océan Pacifique à l’Atlantique. « Pour l’instant, c’est un grand rêve qui pourrait éventuellement devenir un projet », ambitionne l’athlète lazarois.