La plupart des nouveaux quartiers apparus dans les dernières années n’ont pas de trottoirs. Si l’on souhaite voir des piétons, la base est peut-être de leur construire des trottoirs et de leur faire une place.
Saint-Polycarpe est un bon exemple : des trottoirs ont été remis en état un peu partout et des nouveaux ont été aménagés. Dans certains secteurs, comme l’angle Cholette et Bourgon, la Municipalité a aussi installé des balises sur le bord de la route et tracé des lignes dans l’esprit de protéger les piétons. Depuis, le maire Jean-Yves Poirier n’a jamais vu autant de piétons se pointer le nez dehors.
Cette action de Saint-Polycarpe rejoint les recommandations des Directions de santé publique de la Montérégie et de l’Estrie dans leur mémoire présenté dans le cadre des consultations régionales sur la sécurité routière, en février 2017.
On peut y lire que « les traumatismes sont une préoccupation importante en santé publique. Les Directions de santé publique de la Montérégie et de l’Estrie travaillent sur la prévention de ceux-ci par le biais de la promotion d’aménagements sécuritaires et d’environnements favorables à la santé. Des principes d’aménagements routiers et un cadre législatif priorisant les usagers de la route les plus vulnérables viseront à réduire le fardeau relié aux traumatismes routiers et à améliorer la santé et la qualité de vie de la population. »
La recommandation générale du mémoire porte sur le fait de prioriser les piétons et les cyclistes dans la conception routière et dans le Code de sécurité routière. Le volume de circulation, la vitesse des véhicules et l’aménagement routier font partie des facteurs qui augmentent le risque de collision et de blessures graves.
Priorité aux plus vulnérables
« Dans les milieux urbanisés, que ce soit en ville ou dans les noyaux villageois, chaque usager de la route devrait avoir son espace. La priorité dans le partage de ces espaces devrait être attribuée d’abord aux usagers les plus vulnérables, soit les piétons, particulièrement les enfants, les aînés et les personnes à mobilité réduite », peut-on lire dans le mémoire.
Les accidents impliquant des piétons et des cyclistes arrivent aux endroits où il y a un gros débit d’usagers motorisés et non motorisés. Une réduction des limites de vitesse serait l’une des approches à favoriser dans l’aménagement des routes. De plus, les infrastructures dédiées aux piétons et cyclistes, pour que ceux-ci soient séparés de la chaussée, permettraient de diminuer les blessures et les décès, tout comme les mesures d’apaisement de la circulation. Les îlots de déviation et le rétrécissement des voies de circulation font aussi partie de ces aménagements qui favoriseraient la réduction de la vitesse.
« L’ajout de trottoirs ou l’élargissement de ceux-ci, l’aménagement d’intersections surélevées et d’avancées de trottoir ainsi que la plantation d’arbres en bordure de la chaussée figurent parmi les aménagements les plus efficaces pour réduire la vitesse et offrir un espace sécuritaire aux usagers vulnérables », comme le mentionne le mémoire.
Vaudreuil-Soulanges
Avec les pressions dues aux changements climatiques, il est souhaitable de diminuer le taux d’utilisation des véhicules. La Communauté métropolitaine de Montréal a un objectif en ce sens et les villes qui en font partie sont amenées à réduire leurs émissions à effet de serre en favorisant les modes de transport idéalement non à moteur.
« Nos infrastructures routières ne sont pas conçues dans Vaudreuil-Soulanges pour les piétons et les cyclistes. Elles sont conçues pour favoriser la fluidité automobile. La suggestion est d’encourager les municipalités à revoir leurs aménagements routiers pour faire une place sécuritaire et prioritaire aux piétons et aux cyclistes dans les rues », explique Élyse Lapointe, Conseillère en promotion de la santé au CISSS de la Montérégie-Ouest.
Les municipalités ont donc le défi de faire des aménagements favorables au transport actif. Des feux de circulation pour les piétons et les cyclistes, l’interdiction de virage à droite, des aménagements cyclables sécuritaires, des accotements asphaltés, des supports à vélo, des passages piétonniers, des zones piétonnières, des trottoirs, des descentes de trottoir, du mobilier urbain et de l’éclairage sont autant de moyens qui peuvent être mis en place pour changer la norme sociale.
« La notion du respect entre usagers de la route n’est pas vraiment là. C’est comme si la route appartenait aux automobilistes. Il y a une sensibilisation énorme à faire pour amener les gens dans la région à donner priorité aux piétons. Il faut que les aménagements viennent en même temps qu’un changement de comportement. Tu ne peux pas changer un comportement, si ce n’est pas sécuritaire d’être à pied », conclut Élyse Lapointe.