Les tribunaux ont fermé leurs portes en raison de la pandémie du Covid-19. Cependant, tous les détenus dont la comparution était prévue le lundi 16 mars au palais de justice de Valleyfield ont fait le trajet en fourgon cellulaire du Centre de détention de Bordeaux à Salaberry-de-Valleyfield pour comparaitre devant le juge.
Selon plusieurs intervenants du domaine juridique, la vidéocomparution devrait être priorisée pour les comparutions des détenus. (Photothèque)
Plusieurs procédures étaient en place le lundi 16 mars au palais de justice de Valleyfield en lien avec le risque de contagions du Codiv-19. D’ailleurs, pratiquement toutes les causes ont été reportées. Mais, alors qu’il était possible de croire que les accusés qui sont en détention allaient comparaitre via le centre de détention par vidéocomparution, la réalité n’a pas pris cette direction.
Dès 8 h 45, les avocats étaient présents dans les corridors du palais de justice. Cependant, ils avaient tous le même questionnement.
« Nous en apprendrons plus dans les prochaines minutes, dit un avocat criminaliste rencontré. En ce moment, nous ne savons pas trop comment réagir. Il nous manque des informations. »
Alors que dans une missive publiée le vendredi 13 mars par la Cour supérieure du Québec et de la Cour du Québec, il était indiqué que pour faire preuve de responsabilité et de cohérence avec les récentes décisions gouvernementales visant à protéger la santé du public, les détenus ont tout de même été transportés.
Cela a fait sursauter plusieurs avocats. « C’est grave. On demande aux gens de s’isoler le plus possible et d’éviter d’avoir des contacts avec les autres et pendant ce temps on transporte des êtres humains en les entassant le plus possible dans un fourgon ou une cellule afin qu’ils passent devant un juge. Ça n’a aucun sens. Qu’est-ce que nous sommes en train d’envoyer comme message? Si jamais un détenu est infecté et qu’il contamine les autres détenus, ça va devenir très difficile à gérer. »
L’avocat en défense pousse sa réflexion jusqu’à proposer une alternative. « En ce moment, il faut s’ajuster. Plutôt que d’entasser des gens dans des centres de détention pour des sentences de moins de 6 mois, les juges devraient les condamner à la même sentence à purger chez eux 24 h sur 24. Ça pourrait éviter de contaminer beaucoup de monde. Les tribunaux ont ce pouvoir donc, ça serait une bonne alternative. »