Un sort incertain pour la tour à boyau de Sainte-Anne | VIVA MÉDIA Skip to main content

Qu’est-ce qui confère de la valeur à un bâtiment? Où tracer la ligne entre la restauration et la démolition? Voilà des questions brûlantes d’actualité à Sainte-Anne-de-Bellevue.

La tour présente des défectuosités majeures.

Le Conseil municipal de Sainte-Anne-de-Bellevue se retrouve, ces derniers jours, devant une situation épineuse. La tour à boyau, qui trône sur l’hôtel de ville, en arrive à la fin de sa vie utile. Cette structure de 1936 présente des défectuosités majeures, et nécessite une intervention de restauration d’urgence sur le plan de la sécurité.
Les élus ont fait leur devoir, et se sont renseignés sur le coût éventuel de la restauration, ou de la démolition. Remettre la structure en neuf coûterait environ de 30 000 à 40 000 $ de plus que de la démolir.

À la croisée des chemins, le conseil est divisé. 4 conseillers sur 7 ont approuvé la motion de démolition lors de la dernière assemblée. La mairesse Paola Hawa a toutefois eu recours à son droit de reconsidération, pour repousser le vote à la séance du 12 septembre.

Dans ce débat, deux visions s’affrontent. On évoque d’un côté l’importance du cachet du noyau villageois et de la conservation du patrimoine, et de l’autre, la responsabilité fiscale et le manque d’attachement de la communauté pour la structure. Des questions fondamentales que bien des municipalités devront se poser dans les années à venir. « Je crois qu’il s’agit là d’une étape importante pour le futur de Sainte-Anne. Non seulement pour la tour à boyau, mais pour tout ce que cela représente. C’est pourquoi j’ai utilisé mon droit de reconsidération. Je craignais que de telles décisions se prennent sans entendre les citoyens », dit d’emblée la mairesse.

Construite en 1936, la tour à boyau permettait aux pompiers de Sainte-Anne de faire sécher leurs boyaux de cuir. Une sirène perchée au haut de la tour résonnait dans la ville tous les soirs, à 21 h, pour signaler le couvre-feu des enfants. Un signal en code morse indiquait également le lieu d’un incendie.

L’identité de Sainte-Anne

La mairesse Paola Hawa est claire dans sa position : elle s’oppose à la démolition de la tour à boyau qui surplombe l’hôtel de ville.

D’abord, elle plaide la responsabilité de la Ville dans la conservation du cachet pittoresque de Sainte-Anne. « Au Conseil, nous votons des règlements pour que les commerçants de la rue Sainte-Anne respectent le cachet de l’artère lors de projets de rénovation. Pourquoi nous nous donnerions le droit de démolir cette partie du patrimoine? Il faut montrer l’exemple », exprime-t-elle.

Au-delà des finances et des règlements, la mairesse s’appuie sur l’attachement des membres de la communauté pour la structure. Sur le terrain, elle dit avoir été surprise par la réaction des citoyens, qui veulent selon elle conserver la tour. Pour elle, la structure fait partie de l’identité de la ville.

« Sans les histoires, un bâtiment n’est que brique et ciment. La tour à boyau n’est pas une œuvre d’art architecturale, c’est vrai. Mais c’est la mémoire qui y est associée qui la rend belle. Une ville, ce n’est pas que des bâtiments. C’est aussi des histoires. Est-ce que nous souhaitons que Sainte-Anne devienne comme toutes les autres villes, ou souhaitons-nous conserver ce qui la rend unique? », évoque-t-elle.

Où tracer la limite?

De leur côté, les conseillers Michel Boudreault et Francis Juneau sont d’avis que l’option à privilégier est la démolition de la tour désuète. Ils présentent des arguments similaires pour justifier leur position.

« Personnellement, lorsque j’ai fait campagne à l’élection partielle en février 2016, j’ai entre autres priorisé la responsabilité financière. Dans ce dossier, pour moi, la décision responsable est la démolition », indique Francis Juneau. Ce à quoi ajoute Michel Boudreault : « En ce moment, Sainte-Anne-de-Bellevue ne nage pas dans l’argent. Nous avons des défis fiscaux de taille, entre autres liés au transfert de l’hôpital. Nous avons été élus sur le principe de la responsabilité fiscale. En mon sens, la restauration de la tour n’est pas fiscalement le choix à faire », exprime-t-il.

Pour les deux élus, le cas de la tour à boyau soulève effectivement l’épineuse question de la préservation du patrimoine. Ils en proposent toutefois une lecture différente.

« Est-ce que l’on veut vraiment dépenser 40 000 $ de plus pour restaurer une structure qui ne cadre pas du tout avec la façade qui a été rénové dans les dernières années? Où trace-t-on la limite? Doit-on tout préserver à tout prix? », soulève Michel Boudreault.

« Pour ma part, je sens que les gens sont plus attaché aux anecdotes liées à la sirène perchée au sommet de la tour. Peut-être peut-on mettre en valeur cette partie de l’histoire de Sainte-Anne autrement, sans conserver la structure? Peu de gens m’ont semblé intéressé par la préservation de la tour », propose Francis Juneau.

Parole aux citoyens

La mairesse et les deux conseillers rencontrés par VIVA média sont toutefois d’accord sur un aspect fondamental. Ils encouragent les citoyens à se présenter à la séance du conseil du 12 septembre, à 19 h 30, au Centre Harpell, pour faire part de leur opinion sur la question.

Stéphanie Lacroix

Journaliste

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