Menace de Meta : les élus se positionnent | VIVA MÉDIA Skip to main content

Meta (Facebook et Instagram) menace de retirer les comptes des médias du Canada de ses plateformes afin de ne pas avoir à se plier à la réglementation du projet de loi C-18, qui vise l’obligation des géants du Web à dédommager financièrement les médias d’information pour les nouvelles réutilisées ou encore partagées sur les plateformes.

La majorité des élus de même que plusieurs administrations municipales ne comptent plus investir un dollar chez Méta. (Photothèque)

Le 22 juin 2023 marque une date importante pour l’accès à une information de proximité de qualité pour les Canadiens. C’est à cette date que la Loi sur les nouvelles en ligne a été adoptée par Ottawa. Devant la menace de Meta, les députés provinciaux et fédéraux de la région ont accepté de se positionner sur la situation et de dévoiler combien ils ont dépensé en publicité sur les réseaux de Meta.

Le député libéral de Vaudreuil-Soulanges, Peter Schiefke, assure qu’en ce moment, qu’il n’y a pas de restrictions, que Meta utilise des tactiques d’intimidation plutôt que d’accepter de payer sa juste part et de soutenir les médias locaux et régionaux.

M. Schiefke sait que les médias locaux sont confrontés à un environnement de plus en plus difficile. « J’ai vu des médias papier locaux fermer leurs portes dans Vaudreuil-Soulanges pendant que j’étais député. Le gouvernement du Canada a tenu des consultations et a ensuite proposé puis mis en œuvre la Loi sur les nouvelles en ligne – C-18. Grâce à cette loi, les bureaux de presse pourront négocier avec les géants de la technologie une compensation équitable pour leur contenu, ce qui préservera la liberté de la presse. La menace de Meta de supprimer tous les médias va à l’encontre de l’esprit de la loi C-18 et témoigne de son mépris pour les créateurs de contenu qui l’ont aidé à générer des milliards de dollars en revenus chaque année. »

Questionné sur les dépenses faites par son bureau afin d’acheter des publicités sur Facebook et Instagram, M. Sheifke précise que le montant total s’élève à un peu moins de 630 $ pour la dernière année fiscale. « Parallèlement, nous avons dépensé un peu plus de 9 000 $ pour soutenir la presse écrite locale. »

Peter Schiefke ignore s’il restera actif sur les réseaux sociaux advenant que Meta mettre sa menace à exécution. « Mon équipe recherche toujours des moyens de partager des informations avec les personnes vivant dans notre communauté, dit l’homme politique. C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne prendrai pas de décisions basées sur l’intimidation ou sur des scénarios hypothétiques. Nous suivons l’évolution de la situation, et toutes nos décisions seront fondées sur les mesures prises par Meta. »

Pour Claude DeBellefeuille c’est non

Pour la députée fédérale de la circonscription de Salaberry-Suroît, Claude DeBellefeuille, il n’est pas question de mettre un seul dollar chez Meta. « Nous nous faisons un devoir d’encourager les médias locaux. Nous avons appuyé le projet de loi C-18 afin que les médias écrits puissent tirer leur épingle du jeu dans un paysage médiatique caractérisé par l’omniprésence des nouvelles technologies. Pour l’année 2022, nous avons dépensé 13 220$ dans nos médias locaux et nous avons dépensé 0$ chez Meta. Nous dénonçons l’attitude de Meta et nous ne céderons pas à l’intimidation », explique la députée bloquiste tout en précisant qu’elle compte tout de même laisser sa page Facebook ouverte.

Marie-Claude Nichols

Seule députée indépendante de la région, le bureau de la députée de Vaudreuil, Marie-Claude Nichols n’a pas soumis les dépenses faites sur les réseaux de Meta. Mais à quelques reprises, il a été possible de constater que des publications sur la page Facebook de la députée portaient la mention sponsorisée. Dans un court courriel, Roxanne Paquette, agente de liaison au bureau de Mme Nichols précise qu’il s’agit d’une Loi fédérale et que Mme Nichols préfère laisser les élus responsables réagir. « Cependant, nous réitérons que l’accès à l’information est essentiel et passe aussi par les réseaux sociaux », confirme Mme Paquette.

Pour la CAQ, c’est non

Dans le Suroît, on retrouve trois députés caquistes, soit Marilyne Picard (Soulanges), Carole Mallette (Huntingdon) et Claude Reid (Beauharnois). Tous trois se disent conscient des enjeux qui touchent les médias locaux. D’ailleurs, ces derniers consacrent leurs budgets publicitaires pour les médias locaux. Pas question d’investir auprès du géant californien.

« Bien que la plateforme qu’offre Meta pour faire de la publicité ciblée est très attrayante, je consacre l’ensemble de mon budget publicitaire auprès de mes médias locaux, admet la députée de Soulanges Marilyne Picard. Je vais continuer de faire comme j’ai toujours fait soit d’encourager les intervenants locaux dans toutes les sphères de mon travail de députée »

La position de la députée de Soulanges est partagée par sa collègue de la circonscription d’Huntingdon, Carole Mallette, qui depuis son élection en octobre dernier, n’a jamais dépensé un sou sur les réseaux sociaux.

Pour Carole Mallette, il est primordial d’assurer l’avenir de la presse écrite. « Les médias sociaux occupent une place importante dans la vie de chaque citoyen depuis plusieurs années et parallèlement à la hausse des revenus des médias sociaux, on a pu constater une baisse drastique des revenus publicitaires des médias d’information dits « traditionnels ».  J’invite Meta à revenir à la raison. On rejoint de plus en plus de monde sur les réseaux sociaux. Il serait temps que l’on compense les médias et entreprises de presse pour le contenu utilisé. »

Le député de Beauharnois, Claude Reid abonde dans le même sens que ses collègues de la CAQ. Son budget publicitaire est réservé, pas question d’acheter de la publicité chez Meta. « Les réseaux sociaux sont utilisés comme vitrine pour les activités sur le terrain, dit M. Reid. Dans mon cas, le mot d’ordre auprès de mon équipe de bureau de comté, c’est d’utiliser les médias locaux pour la publicité. À cet égard, nous allons continuer à utiliser le budget publicitaire auprès de nos médias locaux qui effectuent un travail essentiel à la vitalité des régions. L’interdiction de la libre circulation de l’information journalistique sur des réseaux comme Facebook et Instagram est hautement nuisible à la bonne santé de notre démocratie et de la presse écrite. Le premier ministre et le ministre de la Culture, Mathieu Lacombe, ont eu l’occasion de déplorer vivement la décision prise la semaine dernière par META. Je partage totalement leur position. »

Steve Sauvé

Journaliste

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