Le gouvernement Trudeau doit agir | VIVA MÉDIA Skip to main content

Voici une lettre qui a été adressée aux élus mercredi par la présidente de la FNC-CSN, Pascale St-Onge. À ce jour elle a été signée par des milliers de Québécois qui tiennent à une information de qualité (N.D.L.R.).

La presse écrite vit actuellement la plus grande crise de son histoire. L’enjeu est simple : si rien n’est fait, de nombreux journaux, imprimés ou numériques, pourraient cesser leurs activités dans un avenir rapproché. Dans ce contexte, nous réclamons du gouvernement fédéral des mesures urgentes afin d’assurer l’avenir d’une information journalistique de qualité au pays. Il en va de la santé de notre démocratie.

Caroline Senneville, Pascale St-Onge et Vincent Marissal, lors de la conférence de presse J’aime ma presse écrite tenue mercredi à Ottawa.
(Photo PATRICK WOODBURY, Le Droit)

Les géants du Web tels que Google et Facebook utilisent les contenus produits à grands frais par les journaux tout en vampirisant leurs indispensables revenus publicitaires. Pour les géants du Web, c’est tout bénéfice; pour les journaux, c’est une double perte. Cette réalité est insoutenable et nous n’avons plus le luxe du temps.

Déjà, cette crise des médias a entraîné la perte de milliers d’emplois au Canada en dix ans. Au Québec, 43 % des emplois du secteur ont été perdus entre 2009 et 2015. Cette saignée se poursuit et risque de s’accentuer sans une action immédiate de nos gouvernements. Bien que les chercheurs et les observateurs des médias, ainsi que de nombreux représentants du secteur (tant patronaux que syndicaux) aient sonné l’alarme depuis fort longtemps, nous sommes arrivés à un point de non-retour et il nous faut mesurer les conséquences de ce laisser-faire inquiétant.

Au cours des dernières semaines, le gouvernement Trudeau a pris des décisions fortement contestées qui sont favorables à certaines multinationales du divertissement et du Web, sans manifester son intérêt à protéger nos médias écrits. Pourtant, depuis le début de son mandat, le gouvernement Trudeau a démontré l’importance qu’il accorde à l’information journalistique, notamment en rétablissant le financement de Radio-Canada à ce qu’il était avant les coupes du gouvernement Harper. Le Parlement a aussi amélioré la protection des sources journalistiques.

Nous comprenons que le gouvernement fédéral s’intéresse aux acteurs de la « nouvelle économie », mais il nous est incompréhensible qu’il ignore les avis d’experts, qu’il a lui-même commandés, et qu’il refuse d’apporter son soutien à la presse écrite. Il s’agit pourtant de l’un des seuls secteurs culturels à n’avoir jamais été subventionné par des fonds publics, alors que la nécessité d’un tel soutien est évidente. Le Canada est-il prêt à laisser mourir ce pilier de la démocratie?

En cette ère de fausses nouvelles et de propagande, le meilleur rempart contre cette tendance inquiétante demeure la collecte rigoureuse d’informations et les véritables enquêtes journalistiques. Celles-ci peuvent ébranler les colonnes du pouvoir, jeter la lumière sur la corruption et les abus ou encore participer à des changements sociaux nécessaires. On n’a qu’à penser aux scandales des Paradise Papers et des violences sexuelles ou encore à la crise des changements climatiques. Nos médias écrits sont le fer de lance de l’information partout au Canada et des éveilleurs de conscience indispensables. Ils alimentent les bulletins de nouvelles, les émissions de télé et de radio et suscitent de nombreux débats, que ce soit à l’Assemblée nationale ou dans l’ensemble de la société. En région, ils représentent parfois les seules sources d’information pour la population et deviennent les principaux relais entre les gouvernements, les citoyens et la vie des communautés.

Certains s’inquiètent qu’une aide gouvernementale aux médias vienne entraver la liberté de presse et la nécessaire indépendance des salles de rédaction. Pourtant, l’exemple de Radio-Canada démontre clairement qu’un financement public est possible sans brimer ces éléments fondamentaux. D’autres se soucient qu’on vienne enrichir indirectement des entreprises milliardaires, mais la question est ailleurs. L’érosion constante des revenus publicitaires depuis près de dix ans menace la poursuite des activités de nos quotidiens et hebdomadaires, qu’ils soient indépendants ou liés à de grandes entreprises. Cette réalité nuit à leur capacité de poursuivre leur mission d’informer la population. La disparition de ces médias serait une grande perte pour l’ensemble de nos communautés tant sur les plans culturel, social et politique que sur le plan économique.

Ne rien faire reviendrait à remettre les clés de notre démocratie entre les mains des géants américains, eux qui ne semblent se préoccuper ni de la qualité de l’information produite au Canada ni d’une contribution équitable sur le plan fiscal. Nous interpellons donc le premier ministre Trudeau, le ministre des Finances Bill Morneau et la ministre du Patrimoine Mélanie Joly afin d’implanter des mesures d’urgence de soutien de la presse écrite telles que des crédits d’impôt sur la masse salariale, comme nous le faisons déjà depuis de nombreuses années pour attirer les entreprises de l’intelligence artificielle et des hautes technologies, le temps de trouver des solutions pérennes pour l’ère numérique.

Pascale St-Onge – FNC-CSN

VIVA média

Entreprise de presse et de communication

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