Cela semblait presque un canular! En effet, alors que les premières images de la Cathédrale Notre-Dame-de-Paris, en proie aux flammes, circulaient sur le web, j’étais dans le déni et l’incrédulité. Comment cela se peut-il? Pas Notre-Dame-de-Paris! Et pourtant c’était bien trop réel! Mon cœur s’est arrêté pour quelques instants en constatant l’ampleur que prenaient les flammes tout en faisant fis de l’art et de l’histoire.
Notre-Dame-de-Paris (Photo Facebook)
Oui, j’y étais allé… je l’avais visité ce lieu bondé d’histoire et de culture, ce monument ancré dans le cœur de Paris autant que dans le cœur des Français. Je m’y étais promené stupéfait de voir une telle construction symbolisant une culture chrétienne, désormais souffrante, qui jadis affichait haut et fort ses couleurs et sa fierté. N’était-ce pas cela une cathédrale? Outre le fait qu’elle est la cathèdre de l’évêque, elle est aussi le symbole de la fierté locale et elle cache en ses murs le labeur de nombreux ouvriers et artistes qui, bien que l’on cherche à en discréditer le sens, le faisaient certainement avec autant d’honneur que de sacrifices.
Ces lieux sont en grande partie les vestiges d’une Église triomphante et pompeuse qui manifestait sa puissance au gré des constructions imposantes, mais elles sont aussi une partie indéniable de notre identité. Une identité que nous avons souvent cherché à nier ou à enterrer, mais qui a façonné notre culture et nos traditions. C’est un peu le sentiment inexplicable qui m’habitait alors que je ne pouvais m’empêcher de consulter la toile pour voir l’avancement d’un feu qui brûlait sans égard de tout ceux et celles qui étaient devenus des spectateurs impuissants d’une telle réalité.
Et alors que tout est éteint, alors que les gens qui circulaient joyeusement dans les rues environnantes ne peuvent désormais s’empêcher de dévisager, stupéfaits, un tel désastre, le monde entier reste abasourdis de voir ce lieu historique disparaître.
La structure semble désormais sauve et certains vitraux pourraient même, semblerait-il, être sauvés, mais le mal est fait. Des siècles d’histoire et d’art se sont envolés et alors que le monde se déchaînait contre l’Église Catholique pour ses nombreux scandales, ils font désormais la file pour offrir leurs plus sincères et profondes condoléances.
Certes, il ne s’agit que d’un bâtiment… mais tout un bâtiment! Et bien que la consternation touche principalement cette majestueuse cathédrale, les guerres ont cessé pour un instant, c’était une goutte de trop! Oui, on en veut à notre Église, mais là, on ne lui souhaite pas de tout perdre! Ce feu est un peu comme la bombe désastreuse qui s’abat sur un peuple innocent et qui fait prendre conscience que trop c’est trop!
Je ne pouvais m’empêcher de regarder les vestiges de la Cathédrale ce matin et d’y voir symboliquement les vestiges d’une Église qui a été frappée de tous côtés à cause de ses erreurs et ses abus. Celle-ci me rappelait en effet que, comme l’Église Catholique, elle avait aussi été le symbole d’abus et de pouvoir et qu’elle avait aussi profité de son autorité pour écraser certaines personnes… mais qu’elle était aussi, et peut-être davantage, un lieu indéniable d’accomplissements humains inégalés et de souvenirs heureux et triste pour de nombreuses familles qui s’y étaient rendus pour célébrer, prier, pleurer.
Ce n’est qu’un bâtiment! C’est vrai, mais c’est aussi la métaphore que derrière le messager, il y a toujours un message important et que, même si le messager utilise le message à son avantage, il ne faut pas mettre le message de côté sans en avoir d’abord contemplé le sens et la profondeur. Bref, Notre-Dame-de-Paris était plus que l’Église Catholique ou qu’une simple cathédrale, elle était un véhicule d’art et de culture, un lieu où, tant bien que mal, un message d’espoir était livré.