Le 6 février 2023, des citoyens ont écrit une lettre à l’intention des maires et de la mairesse des villes de l’île Perrot dans laquelle ils expriment leur opinion sur le dépôt de l’intention d’achat de l’aréna Cité-des-Jeunes fait par les villes de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot et de Pincourt. Voici la missive en question.
L’aréna Cité-des-Jeunes à Vaudreuil-Dorion
Crédit photo: Noémie Florence Faubert
Madame Danie Deschênes, mairesse, et conseil municipal de la ville de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot
Monsieur Claude Comeau, maire, et conseil municipal de la ville de Pincourt
Monsieur Pierre Séguin, maire, et conseil municipal de la ville de L’Île-Perrot
Monsieur Michel Bourdeau, maire, et conseil municipal de la municipalité de Terrasse-Vaudreuil
Madame, Messieurs,
Une intention qui répond aux besoins du plus grand nombre ? Voici nos questions.
L’intention exprimée l’avant-veille de Noël par les villes de Pincourt et de Notre-Dame-de-l’Île-Perrot de déposer une promesse d’achat conditionnelle pour l’aréna Cité-des-Jeunes, situé à Vaudreuil-Dorion, inquiète un grand nombre de personnes parmi les 40 000 citoyens qui demeurent dans l’île Perrot. Et probablement, beaucoup d’autres, aussi.
Est-il acceptable et souhaitable que des administrations publiques acquièrent d’un organisme privé un édifice situé hors territoire ? Quelles seront les conséquences au point de vue de la taxation locale et de l’impôt foncier qui deviendra due à Vaudreuil-Dorion ? Est-ce que les conseils municipaux ont adopté une résolution annonçant leur intention ? Qui sera responsable de l’administration des locaux et des services qui y sont offerts ? Qu’arrivera-t-il si l’une des municipalités souhaite se dégager de cette entente ? Quel groupe de citoyens veut-on privilégier par cette démarche ? Qui paiera l’emprunt : les utilisateurs ou les contribuables ? Quels revenus en tirent les actuels propriétaires ? Pour quelle raison souhaitent-ils se départir de ce lieu ? Les citoyens ont-ils été ou seront-ils consultés ? Quels seront les coûts de mises à niveau d’une installation privée en devenant propriété publique ?
Comment ce projet se révèle-t-il équitable par rapport aux autres organismes de l’île Perrot qui ne disposent pas de lieux permanents ? Comment cette proposition réglera-t-elle l’actuelle pénurie de locaux adéquats pour répondre aux besoins d’organismes culturels, communautaires et même sportifs qui doivent, pour organiser et tenir leurs activités, faire la tournée des quatre villes, des quatre églises, des salles d’écoles et de quelques rares locaux privés ouverts au public ?
Contrairement à beaucoup d’autres municipalités du Québec, la très grande majorité des organismes socioculturels œuvrant dans l’île ne disposent d’aucun lieu convivial et permanent pour échanger, se connaître, entreposer leurs biens et favoriser la continuité de leurs missions respectives auprès des cohortes de bénévoles qui en assurent le fonctionnement.
Le secteur de l’animation culturelle est particulièrement touché par la pénurie de locaux qui incite les bénévoles, les artisans et les organisateurs d’activités artistiques et créatives à reporter leurs projets, quand ce n’est pas simplement les abandonner. Que ce soit les archives et documents de références pour les créateurs, les costumes et décors des comédiens, les chevalets et partitions des musiciens et des peintres, etc., aucune des quatre villes de l’île Perrot n’est en mesure de fournir des lieux d’accueil et d’échanges permanents. Nulle part dans l’île n’existe un centre qui favorise la continuité, la stabilité et la créativité des artisans et des bénévoles liés aux secteurs socioculturels en leur assurant un lieu d’épanouissement. Pas de salles de répétition, de loges, d’entreposage, de scènes dignes de ce nom.
N’est-il pas possible que les quatre municipalités de l’île Perrot se concertent pour une fois et planifient pour leurs concitoyens un centre multifonctionnel qui répondra pour les 50 prochaines années aux besoins d’une population en forte croissance ? Pourquoi ne pas s’unir dans un projet d’avenir pour répondre aux besoins du plus grand nombre ?
L’investissement que représente l’achat d’un aréna à l’extérieur du territoire de l’île Perrot réglera à très court terme un problème spécifique pour un groupe particulier d’individus et leurs familles. Mais à quel prix et pour combien de temps ? Sur une période de 25 ans, que vaudra cet édifice des années 1970, dont l’actuel propriétaire souhaite se départir depuis peu sans en évoquer les raisons. Cet aréna, situé à l’extérieur de l’île Perrot, aura besoin de beaucoup d’amour, nécessitera l’embauche de personnel administratif et d’entretien dont il faudra assumer les salaires. Et quelles sont les retombées économiques pour les commerces de l’île Perrot qui assumeront par leurs taxes le coût de cette acquisition dans la municipalité voisine ?
Deux décisions pas si lointaines incitent à faire preuve de beaucoup de prudence dans l’acquisition d’installations de ce type. Il y a plus ou moins 40 ans, la piscine olympique de Pincourt et le centre communautaire de L’Île-Perrot avaient été créés et gérés par des OBNL jusqu’à ce que ces villes en prennent possession et y investissent du temps de leur personnel et des fonds publics pour en assurer la survie. Par bonheur, ces installations desservent les gens à proximité dans notre île, ce qui n’est pas le cas de l’actuel projet.
Ne serait-ce pas une bonne occasion de réfléchir à la pertinence de s’unifier pour mieux planifier les services et les infrastructures pour l’ensemble de la population de l’île ?
Signataires :
Lise Chartier, chercheuse et historienne de l’île Perrot, auteure « L’île Perrot, rurale et urbaine, 350 ans, et membre de plusieurs organismes liés à la culture
Julie de Belle, poète Kafé Poe
Diane Howard, citoyenne résidant à Notre-Dame-de-l’Île-Perrot
Daniel Bertolino, C.M., O.Q., président, Théâtre de l’île Perrot
Daniel Constantineau, directeur général, Orchestre Galiléo