Le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) demande au ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, M. Jean Boulet, de réaliser une profonde réflexion sur les impacts du télétravail, avec une analyse différenciée selon les sexes, et de mettre en place un cadre normatif équitable pour toutes et tous, afin d’éviter l’augmentation des inégalités entre les hommes et les femmes en emploi.
Le Conseil d’intervention pour l’accès des femmes au travail (CIAFT) constate que le télétravail s’exerce dans des conditions différentes selon les sexes, et constitue ainsi un vecteur d’inégalités entre les femmes et les hommes. Il juge qu’une modification des outils législatifs en droit du travail est nécessaire et urgente, afin de bien prendre en compte cette nouvelle réalité du monde du travail, et ainsi éviter un traitement arbitraire de cette dynamique organisationnelle, qui serait réalisé selon la bonne volonté des employeurs.
Dans son avis déposé au ministre, le CIAFT souligne l’insuffisance d’une mesure suggérant aux employeurs de se doter d’une simple politique de télétravail. « Un tel instrument se négocie entre les personnes salariées et l’employeur, mais dans les milieux non syndiqués, les travailleuses et les travailleurs n’ont pas de pouvoir de négociation similaire aux entreprises syndiquées », explique Kim Paradis, directrice du CIAFT. Elle ajoute que « les femmes demeurent majoritaires dans les emplois précaires, non syndiqués et à temps partiel.».
Selon le conseil, l’absence de balises législatives menace les gains réalisés par les Québécoises ces dernières décennies. Il craint un recul important en ce qui a trait à la visibilité et au maintien en emploi, à l’autonomie économique, mais également à la division sexuelle des responsabilités familiales, parentales et de proche aidance. « Avec l’isolement des télétravailleuses, on souligne qu’il existe un réel danger, pour les femmes victimes de violence conjugale, de perdre leur réseau professionnel et d’être ainsi plus exposée à la violence. On constate aussi une invisibilité plus marquée des femmes immigrantes ou celles en situation de handicap, depuis l’application élargie au télétravail», souligne la présidente du CIAFT, Danielle Fournier. « Il est donc impératif que l’appareil d’État réalise une analyse d’envergure autour des enjeux sous-jacents au télétravail et de leurs impacts sur les femmes, de façon à éviter la symétrisation des problématiques » conclue Mme Fournier.
Le CIAFT souligne, par ailleurs, que l’avis sur le télétravail du Comité consultatif du travail et de la main-d’œuvre (CCTM) ne tient pas compte de ces enjeux systémiques et spécifiques. “D’ailleurs, la composition même du Comité ne répond pas au principe de parité entre les femmes et les hommes”.