Ce sont plus de quatre-vingts personnes qui se sont réunies, lundi soir, dans le but de manifester leur opposition face au projet de loi 40. Les enseignants et le personnel de soutien scolaire de la Commission scolaire des Trois-Lacs se sont déplacés devant les bureaux de la députée caquiste de Soulanges, Mme Marilyne Picard.
Plus de quatre-vingts manifestants devant les bureaux de la députée caquiste Marilyne Picard (Photo Fédération des syndicats de l’enseignement (CSQ))
Provenant majoritairement du Syndicat de l’enseignement de la région de Vaudreuil (SERV-CSQ) et du Syndicat du personnel de soutien des Trois-Lacs (SPSTL-CSQ), les manifestants ont décidé d’aller à la rencontre de la députée, qui n’avait pas donné suite à plusieurs demandes de rencontre, pour lui exprimer leur colère. Durant la manifestation, Madame Picard a finalement accepté de rencontrer les représentants syndicaux.
« Alors qu’il prétendait valoriser les enseignants, le ministre a déposé un projet de loi qui les déconsidère ouvertement. Il réduit leur espace décisionnel en faisant disparaitre la parité dans les conseils d’établissement, et s’attaque directement à leur autonomie professionnelle. La réforme proposée par le ministre Roberge pourrait à terme faire des enseignants de simples exécutants de méthodes pédagogiques imposées par le ministère. Il faut maintenant que le ministre entende nos objections », explique Véronique Lefebvre, présidente du SERV-CSQ.
« Les regroupements de services soulèvent plusieurs inquiétudes et ouvrent la porte à la sous-traitance et la perte d’expertise. Pour le personnel de soutien, les craintes sont très grandes, puisque nous sommes toujours les premiers à faire les frais des coupures » ajoute Éric Vézina, président du SPSTL-CSQ.
Ce que les manifestants redoutent du projet de loi no 40 :
• Un tripotage des notes légalisé pour la direction alors que ce sont les enseignants qui doivent déterminer les résultats des évaluations;
• Un accroissement des inégalités scolaires, en facilitant le développement de projets particuliers sans aucune forme d’encadrement, et en permettant aux parents de choisir l’école de leurs enfants, créant ainsi une école à trois vitesses au Québec, l’école privée, l’école à projet particulier et l’école de quartier;
• Une autonomie professionnelle cadenassée avec un « comité d’engagement » qui pourra faire pression pour uniformiser les pratiques selon la dernière mode pédagogique et qui pourra s’immiscer dans la classe sous n’importe quel prétexte en ajoutant une pression à la réussite;
• Une formation continue imposée aux enseignants sans égards aux besoins de chacun, contrôlée par le ministre, avec une possibilité de les sanctionner. « Le ministre devra certainement embaucher plus de directions d’école pour contrôler les enseignants, est-ce vraiment cela dont ont besoin les élèves? » a déclaré madame Véronique Lefebvre. Le ministre devrait se soucier davantage de l’accessibilité, de l’amélioration et du financement des activités de formation, surtout en période de pénurie;
• Un espace décisionnel réduit en perdant la parité du personnel au conseil d’établissement puisque les parents y seront plus nombreux;
• Une expertise pédagogique reconnue en façade seulement, sans réelle portée concrète;
• Un réel danger d’augmentation de la sous-traitance et de perte d’expertise pour les écoles.
Profils
SERV-CSQ
Le Syndicat de l’enseignement de la région de Vaudreuil (SERV-CSQ) représente les 1 100 enseignantes et enseignants du préscolaire et du primaire de la Commission scolaire des Trois-Lacs. Il est affilié à la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), qui regroupe 34 syndicats représentant près de 65 000 enseignantes et enseignants de commissions scolaires de partout au Québec.
SPSTL-CSQ
Le Syndicat du personnel de soutien des Trois-Lacs représente 1 200 membres du personnel de soutien scolaire de la Commission scolaire des Trois-Lacs. Il est affilié à la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), qui regroupe 19 syndicats et représente 30 000 membres à travers le Québec.