La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) dénonce fermement l’usage du bâillon par le premier ministre François Legault pour faire adopter rapidement le projet de loi no 40, concernant l’organisation et la gouvernance scolaires.
(Communiqué) Selon la FAE, Québec réécrit de fond en comble la Loi sur l’instruction publique (LIP) sans reconnaître l’expertise des enseignantes et enseignants et en faisant fi de la Loi sur le régime de négociation des conventions collectives dans les secteurs public et parapublic. C’est pourquoi la FAE a mandaté ses procureurs de déposer un recours auprès des tribunaux pour contester la constitutionnalité de cette loi.
C’est ce qu’a annoncé la FAE en conférence de presse ce matin, à l’Assemblée nationale du Québec, aux côtés de la députée Christine Labrie. La FAE en a profité pour saluer l’excellent travail en commission parlementaire des trois députées de l’opposition en matière d’éducation, soit la députée de Saint-Laurent pour le Parti libéral du Québec, Marwah Rizqy, de la députée de Sherbrooke pour Québec Solidaire, Christine Labrie, ainsi que de la députée de Joliette pour le Parti québécois, Véronique Hivon.
« Plutôt que de les dénigrer, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, devrait s’en inspirer », souligne Sylvain Mallette, président de la FAE.
M. Mallette profite de l’occasion pour avertir François Legault qu’un tel bâillon ne fera pas taire les enseignantes et les enseignants qu’il représente.
« J’ai très rarement constaté, depuis le début de ma carrière d’enseignant, une aussi grande colère parmi mes collègues, mentionne M. Mallette. Le coup qui nous est porté est d’autant plus dur qu’il est porté par un ancien collègue. Les profs du Québec se sentent trahis. Je pèse mes mots quand je dis que le ministre Roberge devrait avoir honte d’agir de la sorte, pendant la Semaine des enseignantes et enseignants. Et que dire de ce gouvernement qui adopte une quatrième loi sous le bâillon depuis son élection. C’est de cette façon que le Québec souhaite moderniser sa gouvernance? C’est antidémocratique ! »
Toujours selon la FAE, le projet de loi numéro 40 qui a été déposée le 1er octobre dernier, à l’Assemblée nationale par le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, contient de nombreux éléments dommageables pour l’école publique et pour la profession enseignante.
« Le projet contient plus de 300 articles et il modifie plus de 80 lois. Ce projet a été mal rédigé et mal discuté, puisqu’il n’a fait l’objet que d’une consultation extrêmement limitée. De plus, il faut rappeler que le ministre Roberge a déposé au total plus de 167 pages d’amendements à son propre projet, signe de la faiblesse de celui-ci », peut-on lire dans le communiqué publié par
la Fédération autonome de l’enseignement.
« Aussi, et surtout, le projet de loi no 40 ne reconnaît pas et ne protège pas l’expertise des enseignantes et enseignants. Au contraire, il donnera même à des personnes qui n’ont pas mis les pieds dans une classe depuis longtemps ou qui n’y ont jamais mis les pieds, les moyens d’imposer aux enseignantes et enseignants des approches pédagogiques, des outils d’évaluation ou des méthodes d’intervention auprès de leurs élèves », dénonce M. Mallette.
Appel à la résistance
Ainsi, la FAE a mandaté ses procureurs afin que ceux-ci déposent en son nom un recours auprès des tribunaux pour contester la constitutionnalité de la loi. Le président de la FAE en appelle aussi à la résistance de ses 45 000 membres, comme l’écrivait lui-même Jean-François Roberge dans son livre « Et si on réinventait l’école » lorsqu’il était lui-même enseignant : « J’invite toutes les enseignantes et tous les enseignants à respecter et faire respecter leur contrat de travail, qui a été dûment négocié entre la partie patronale et la partie syndicale en 2016, notamment en ce qui concerne la formation continue », explique M. Mallette.