Thérèse Corbeil-Brunet vient de souffler ses 101 bougies. C’est une centenaire lucide, inspirante et heureuse. Pour elle, c’est sa joie de vivre qui est la clé de sa longévité.
Thérèse Corbeil-Brunet vient de fêter son 101e anniversaire. (Photothèque)
Née à Montréal le 23 octobre 1918, Mme Corbeil-Brunet habite la résidence pour personnes âgées la Seigneurie de Rigaud. D’emblée, elle insiste sur le fait qu’elle n’a jamais été malade et qu’elle a toujours eu une bonne hygiène de vie. « Je suis la plus âgée de la résidence et je suis celle qui prend le moins de médicaments », confirme la dame visiblement fière de cette situation.
Il est évident que les joies et les peines ont parsemé le chemin de Thérèse Corbeil-Brunet au fil du temps. Cependant, elle préfère se concentrer sur ses doux souvenirs. Ceux-ci sont bien ancrés dans sa mémoire et le fait des évoquer la rend souriante.
« J’ai eu une belle vie, dit Mme Corbeil-Brunet. Je me suis mariée en 1940. C’était pendant la Deuxième Guerre mondiale. Je travaillais pour Impérial Tabacco à Montréal. Je me suis mariée en cachette. Si je l’avais dit à mon patron, j’aurais été congédiée. Les femmes mariées ou enceintes ne travaillaient pas pour cette entreprise. En ce qui a trait à mon mari, il était machiniste pour une compagnie ferroviaire. Par chance, nous avons été épargnés par la guerre. »
La femme d’un seul homme
Mme Corbeil-Brunet a porté deux enfants. Aujourd’hui, un seul d’eux est encore vivant. « Mon plus vieux est décédé il y a quelques années et mon époux est décédé en 1994. Nous avons été mariés pendant 54 ans. Depuis son décès, je n’ai jamais regardé un autre homme. Je sais que maintenant c’est de coutume, mais moi, je suis d’une autre époque. »
La télévision
La centenaire a vu le monde évoluer grandement et parfois même rapidement. De toutes les inventions qui ont fait leur apparition, elle classe l’arrivée du téléviseur au sommet de la pyramide. « C’était vraiment quelque chose, s’exclame la dame de 101 ans. Nous avions l’habitude d’aller au théâtre, mais là, c’était le théâtre qui entrait dans notre salon. C’était vraiment divertissant. Parfois, nous invitions des gens à la maison et nous regardions la lutte et la famille Plouffe à la télévision. »
Puisque Mme Corbeil-Brunet a vécu sa jeunesse à une époque pendant laquelle la religion occupait une place importante, elle se souvient que chaque soir, qu’elle devait écouter le chapelet à la radio. « Nous nous mettions à genou à côté de la radio et nous devions réciter le chapelet. Le dimanche nous devions aller à la messe. C’était fondamental. Ça fait tellement partie de moi, que j’écoute la messe tous les dimanches à la télévision. »
Le bonheur des années 30-40
L’arrivée d’internet et des nombreuses technologies fait en sorte que la vie peut sembler plus facile en 2019 qu’en 1918. Mme Corbeil-Brunet assure qu’elle n’aurait pas aimé vivre sa jeunesse dans le monde actuel. « À mon époque, pour avoir une belle soirée, nous allions danser ou on se réunissait pour jaser entre amis. La vie n’était pas stressante. La vie des femmes est plus facile aujourd’hui puisqu’elles ont fait leur place dans la société, mais lorsque je regarde derrière, je peux dire sans me tromper que j’ai eu une belle vie et que j’ai été vraiment heureuse. Encore aujourd’hui je le suis. Je suis tellement bien que j’ai de la difficulté à croire que j’ai 101 ans. Ça va vite la vie. »
Bien que le bonheur soit un élément essentiel selon Thérèse Corbeil-Brunet, il n’en demeure pas moins qu’elle a vécu de grandes peines. « Tous les gens que j’aimais sont décédés. Je suis pratiquement seule aujourd’hui. Il ne me reste que mon fils et une nièce. Par chance, à la résidence je me suis fait des amis. »
Touchant et bravo à cette femme !