Les yeux deviennent pétillants et des sourires apparaissent. Roméo fait son entrée dans la pièce. C’est le labrador âgé de 7 ans qui partage désormais le quotidien des 80 résidents du Manoir des Îles à Vaudreuil-Dorion.
L’idée d’intégrer un chien à la résidence est venue directement du propriétaire. Convaincu que cela pourrait faire le plus grand bien à ses résidents, Joël Simard a confié à la zoothérapeute France Caron, la tâche de trouver le chien idéal pour la résidence.
C’est le mois dernier que Roméo a fait sa première visite au Manoir des Îles. Sa distinction particulière fait de lui le clébard par excellence. « Il est sourd, indique Mme Caron. Ça peut sembler étrange, mais son handicap est aussi une grande force. De cette façon, c’est lui qui va vers les gens et il ne peut pas y avoir trois ou quatre résidents qui l’appellent en même temps, car il n’entend pas. »
L’arrivée de Roméo n’a pas seulement enchanté les résidents et les membres du personnel. Les familles des résidents se sont montrées très enthousiastes par le nouveau venu.
« Les gens sont tous contents, indique France Caron, qui est diplômée en zoothérapie. C’est une nouvelle approche. Je crois que le Manoir des Îles est la seule résidence au Québec à avoir un chien. »
Si Roméo a trouvé plusieurs Juliette à sa nouvelle résidence, il n’y habite pas en permanence pour l’instant. Son éducation n’est pas complètement terminée. « Présentement, il fait des visites régulières, précise Vanessa Martinez, directrice générale de l’établissement. Lorsque nous accueillons un nouveau résident, Roméo assiste à la rencontre. Il aide beaucoup à faire baisser le niveau de stress et sa présence crée un sentiment familial. Il devient un intervenant. »
France Caron raconte que la présence de Roméo peut faire toute la différence. Cela apaise les résidents et même les membres du personnel. Elle n’hésite pas à mentionner qu’elle a déjà été un témoin d’un événement marquant lors d’une séance de zoothérapie.
« À l’époque, je travaillais dans un Centre d’hébergement de soins de longues durées. Mon chien est allé voir une résidente et elle s’est mise à lui chanter des chansons. C’est alors que les employés se sont mis à pleurer. Je me questionnais. J’ai alors appris que les préposés aux bénéficiaires et les infirmières croyaient que la dame était muette, car elle ne parlait plus. La présence du chien a fait toute la différence. Cette dame n’avait jamais parlé depuis son admission. »
Des résidents heureux
Il ne faut pas trop s’en faire pour la qualité de vie de Roméo qui intègrera éventuellement le club de marche de la résidence. Ses journées sont remplies à donner de l’affection et à en recevoir.
« C’est vraiment plaisant, fait part Christine, une résidente du Manoir des Îles. On lui donne de l’amour. Il ressent sûrement nos émotions. Il le sait que nous l’aimons. »
(Photo Nicola Dinarzo)
« J’ai toujours eu des chiens, souligne Mme Toupin. Je me sens donc en terrain connu. Les animaux ont toujours fait partie de ma vie puisque j’ai vécu en campagne. »
L’aire de vie de Roméo est composée de la réception, des bureaux administratifs et du salon. Il n’est pas autorisé à entrer dans la cuisine et il n’a pas accès aux chambres. « Ça deviendrait problématique, expose la directrice générale. On risquerait de le chercher souvent. Les résidents savent que s’ils viennent au salon, ils pourront profiter de l’occasion pour donner et surtout recevoir de l’amour de la part de Roméo. »
