Le syndicat des travailleurs et des travailleuses de la poste (STTP) était de retour sur les lignes de piquetage lundi matin pour faire entendre leurs revendications et leur mécontentement. Ils espèrent ainsi faire avancer les négociations.
Photo : Maxim Ouellet
Impossible de manquer les facteurs alignés devant le bureau de poste de Dorion, pancartes à la main encourageant les automobilistes à klaxonner pour leur cause le long du boulevard Harwood. Ils sont en grève depuis le vendredi 15 novembre puisqu’aucune entente de convention collective (qui doit être renouvelée tous les 4 ans) n’a été signée.
Dans la région c’est près de 120 travailleurs et travailleuses de la poste qui sont en grève. Ils préparent et livrent le courrier dans plus de 10 municipalités.
Des revendications claires
L’employeur (Postes Canada) propose une augmentation salariale d’un peu moins de 12% sur 4 ans ce qui est jugé nettement insuffisant par le syndicat qui demande 22% sur la même période. « Depuis [la pandémie], il y a eu environ 17% d’inflation et nous on a eu environ 6,9% d’augmentation, donc il nous manque près de 10%. Ce qu’on fait c’est du rattrapage, on ne veut pas s’enrichir; on veut simplement conserver notre pouvoir d’achat » explique Richard Martin, Président de la section locale de Vaudreuil-Dorion du STTP.
À titre d’exemple, un facteur fait grosso modo 6000$ de moins qu’il y a 4 ans en dollars d’aujourd’hui.
Une autre revendication touche le congé préventif pour les femmes enceintes qui doivent présentement livrer du courrier jusqu’à 9 mois de grossesses. « On nous demande de soulever des charges jusqu’à 55 lb […] il faut faire des mouvements que même nos médecins nous disent de ne pas faire », raconte Marina Daigle qui a continué à livrer du courrier jusqu’à 8 mois de grossesse. Son congé de maternité s’est donc terminé plus tôt. « Il faut au moins avoir un arrêt plus préventif parce qu’en ce moment on se sent comme si on était juste des numéros, c’est très fâchant », ajoute la représentante de la condition féminine.
Plusieurs reculs
Le STTP dénonce aussi que Postes Canada assujettit ses nouveaux employés à des clauses de disparité de traitement.
« Les jeunes vont avoir moins de vacances annuelles que les travailleurs existants », Richard précisant que ces congés ne sont pas nouveaux, mais qu’ils seront plutôt retirés de la convention collective. La même chose s’applique pour les assurances médicament « comme si les nouveaux avaient besoin de moins de médicaments […], ça n’a aucun bon sens, on ne fait pas ça pelleter dans la génération future », souligne le président syndical.
Pendant le temps de la grève, Postes Canada a retiré aux grévistes leur assurance médicale laissant les familles aux prises avec des problèmes de santé dans l’incertitude. Il s’agit là, selon monsieur Martin, d’un moyen de pression pour forcer la main aux facteurs et de les obliger à signer une entente qui ne leur est pas du tout favorable. La même tactique avait été utilisée par l’employeur lors du dernier conflit de travail.
Celui-ci entend aussi diviser les tâches des facteurs : des ouvriers pour traiter le courrier et d’autres pour le livrer. « Ça dénature le métier, dit Marina, j’aime voir mes collègues quand on trie le courrier, mais là on a l’impression que [Postes Canada] essaie de diviser pour mieux régner ». Des travailleurs auraient donc à marcher près de 30km par jour tandis que d’autres seraient confinés à un bureau. Ce qui est trop exigeant pour plusieurs.
« On veut que l’avenir soit meilleur et en ce moment ce qui nous offre c’est une régression considérable », renchérit madame Daigle.
Un conflit à résoudre
Les facteurs ne veulent pas nécessairement être en grève, mais ils ne peuvent pas accepter des conditions en deçà de leurs attentes : « notre passion c’est de livrer le courrier, c’est de servir les communautés. On attend juste le OK pour rentrer travailler, mais on n’acceptera pas de s’appauvrir de 6000$, on n’acceptera pas que les femmes enceintes continuent de livrer du courrier, on n’acceptera pas que la génération future soit pénalisée », déclare Richard Martin.
Postés devant le bureau du député fédéral de la circonscription de Vaudreuil-Soulanges, Peter Schiefke, Richard, Marina et une quinzaine d’autres facteurs tentent de mettre de la pression sur le gouvernement pour que les négociations avancent.
Richard s’est entretenu avec monsieur Schiefke et attend de voir si des actions concrètes découleront de cet appel.
Un nouveau médiateur a d’ailleurs été nommé dans le dossier ce matin.
Texte : Maxim Ouellet