Collaboration spéciale : Kim Vaillancourt
Dossier spécial sur les Sextos
J’ai cherché longtemps comment amorcer mon témoignage. Sortons l’éléphant du placard dès le début : je m’appelle Kim et je viens de perdre ma virginité à 40 ans. Sans faire l’historique de ma vie, disons juste que les circonstances ont fait que ce n’est pas arrivé avant. Un rattrapage des vingt dernières années vient de se faire. Avec l’écriture de mon premier manuscrit où j’ai écrit six moments érotiques, et mon passage sporadique sur les applications de rencontre, je me suis aventurée dans des discussions coquines avec les hommes. Discussions dont je suis devenue de plus en plus à l’aise, étant très bonne avec les mots, les suggestions et évocations imagées.
Entre avril 2020 et juin 2021, il y a eu environ quatorze hommes avec qui j’ai eu ce genre de discussion. Passant d’une journée à trois mois. Souvent, je refilais mes écrits érotiques à l’homme. C’est fou de constater à quel point les mots ont un pouvoir immense. Si moi, au début, je n’en retirais rien, sauf une valorisation d’autrice que mes mots pouvaient donner des érections aux hommes, maintenant c’est différent. En décembre dernier, j’ai entretenu une relation virtuelle avec un homme en couple ouvert pour devenir son amante régulière. Avec lui, les échanges et les photos coquines ont débuté plus sérieusement.
L’excitation que peuvent provoquer les mots est vertigineuse. C’est aussi avec lui que j’ai été à l’aise d’évoquer ma non-expérience sexuelle avec partenaire, car j’avais tout de même une vie sexuelle avec moi-même très satisfaisante. Cette relation s’est terminée en avril dernier sans que rien de physique ne se passe. Il s’en est suivi quatre autres hommes, dont j’ai annoncé assez tôt ma non-expérience. Ma seule photo coquine combinée à mon aisance des mots pour décrire des moments érotiques agit souvent rapidement, trop même. Si je trouvais ça bien avec l’homme en couple ouvert, les autres moments m’ont souvent laissé un goût très amer en bouche. Me sentant parfois presque comme une fille de joie des mots.
Tout en étant consentante, car c’est moi qui leur offrais ma photo et mes mots, j’en suis venue à me sentir très mal, très inconfortable dans le fait qu’un homme, l’espace d’un moment, se masturbe, et me le dise, en regardant ma photo pour ensuite passer à autre chose. J’ai même eu envie de brûler ma photo tellement je me sentais comme une playmate. Mais malgré tout ça, j’ai encore envie de faire des sextos, les mots m’alimentent tellement que ça nourrit l’imaginaire, les fantasmes, mais je reste très prudente. Et surtout, l’autrice que je suis s’en inspire pour d’autres histoires littéraires…