Fils d’un écrivain, l’encre coule dans les veines de Martin Viau. Dès l’enfance, il s’évade dans les histoires teintées de fictions qu’il couche dans ses carnets. À l’école primaire, il participe à des concours d’écriture et apprivoise doucement sa plume. C’est la genèse d’un futur écrivain.
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Tandis que les calendriers accrochés au mur se succèdent, le garçon devient adulte. La science-fiction fait place à la réalité et Martin Viau range précieusement sa plume au fond de sa poche convaincu qu’il la ressortira un jour. Il rencontre l’amour, fonde sa famille et embrasse la carrière de paramédic. Il débute dans le métier avec le réel désir d’aider et servir la population. La réalité le rattrape rapidement : les interventions usent le corps et l’esprit.
Le son des sirènes entremêlé aux pleurs des familles qu’il côtoie au cœur du drame l’habitent. La détresse humaine, la désorganisation propre aux problèmes de santé mentale, la violence et l’urgence d’agir monopolisent ses quarts de travail. Martin Viau enfouit au fond de sa poche des images d’une tristesse inouïe, des souvenirs et des odeurs aussi. Cet amalgame de souffrances rejoint sa précieuse plume qui s’impatiente.
Au fil des étoiles qui s’éteignent dans ses yeux, Martin encaisse. Le grand gaillard reste solide comme un roc jusqu’au jour où l’ambulance dans lequel il prend place est percutée de plein fouet causant la mort du conducteur fautif. Ce jour marque le premier jour d’une longue rémission pour son collègue et lui. Une rémission physique, mais également psychologique.
Un dernier tour d’ambulance
À travers cette étape charnière, Martin Viau reprend sa plume. Écrire lui permettra de s’évader, de renouer avec cet espace rassurant qu’il aime tant. Il cherche en vain ce qu’il écrira à travers les histoires qu’il avait un jour inventées. La réponse surgit d’elle-même : les images rangées au fond de sa poche attendent d’être racontées.
À travers les récits de son livre Un dernier tour d’ambulance, Martin Viau nous plonge dans une réalité méconnue ; la sienne et celle de ses collègues. Il livre un témoignage empreint de vérité. Il ne prend pas de détour, ne met pas de gants blancs. Impossible de ne mettre qu’un pied dans l’ambulance, le lecteur n’a d’autre choix que d’embarquer et laisser l’auteur le réanimer.
Au-delà du paramédic
Avec une franchise déconcertante, Martin Viau met en lumière le manque de ressources auquel sont confrontés ses pairs. Il dresse un tableau inquiétant de leurs conditions de travail. Un uniforme est-il une armure ? L’enfiler suffit-il à ne plus rien ressentir? Les chocs post-traumatiques sont rarement reconnus comme ci les affronter était un prérequis dans leur profession. Pourtant, au-delà de l’uniforme, il y a l’humain. Qui prend soin de ses professionnels qui prennent soin de nous?
Le commun des mortels ne connait rien de cet univers parallèle dans lequel Martin Viau et ses pairs évoluent. Il n’entendra jamais le hurlement d’une mère qui assiste impuissante aux manœuvres de réanimation sur son enfant. L’odeur persistante de la mort ne le suivra pas jour et nuit. Il ne connaitra jamais la froideur de la rigidité cadavérique. Le commun des mortels peut mettre un genou par terre et recevoir le soutien nécessaire de son employeur contrairement aux paramédics qui doivent se relever et répondre au prochain appel.
Un avenir à écrire
Si Martin Viau ignore quand sera son dernier tour d’ambulance, il sait qu’il se présentera un jour ou l’autre. Il ne se fait pas d’illusion. Il sait que son métier finira par avoir sa peau s’il y reste trop longtemps. Il a trop à faire avec trop peu de soutien. Son objectif n’est assurément pas de dresser un sombre tableau de sa profession et encore moins de faire fuir les aspirants, mais plutôt d’exposer un portrait réaliste sans filtre. Un dernier tour d’ambulance est en librairie depuis le printemps dernier. Une version audio sous la narrative du comédien Patrice Godin sera disponible très prochainement. En ce qui concerne Martin Viau, son avenir est à écrire.