Un projet d’environ 6 M$ abandonné, car Sainte-Barbe change son zonage | VIVA MÉDIA Skip to main content

Deux promoteurs se retrouvent pris avec des terrains d’une valeur approximative de 700 000 dollars à la suite d’un changement de zonage à la Municipalité de Sainte-Barbe.

La construction de 6 unités d’appartement comme celui-ci sur la route 202 à Sainte-Barbe a été interdite par la Municipalité de Sainte-Barbe en raison d’une modification au zonage. (Photo: Philippe Daoust)

Philippe Daoust s’explique difficilement le fait que les élus municipaux ont décidé de changer le zonage des terrains qu’il venait d’acquérir. Le duo souhaitait construire six unités de logement de six appartements chacun. Mais, après avoir acquis les terrains et avoir entrepris les démarches, les deux hommes ont réalisé que la Municipalité de Sainte-Barbe venait contrecarrer les plans.

« Je ne comprends rien, dit Philippe Daoust, qui a siégé comme conseiller à Sainte-Barbe jusqu’à sa démission en novembre dernier. Mon partenaire et moi avons acheté les terrains en 2019 et les élus ont voté un avis de motion en décembre 2020. Le nouveau zonage ne nous permet plus de construire. »

75 % pour des commerces

M. Daoust explique qu’avec le nouveau zonage, 75 % de la superficie habitable doit être réservée à des fins commerciales. « Avec cette règlementation, le projet ne serait pas rentable du tout, mentionne .m Daoust. Sainte-Barbe vient de mettre un coup de barre dans le développement. Si la Municipalité nous avait dit qu’elle comptait agir ainsi, jamais nous n’aurions acheté les terrains. »

Pour procéder à l’achat des terrains, M. Daoust explique que son partenaire d’affaires et lui ont utilisé toute la liquidité du projet. « Nous ne savions pas que le zonage serait changé, confirme celui qui indique avoir annulé ses commandes de matériaux puisque le projet ne se mettra pas en branle. Nous recevons l’appui de la population. Les citoyens étaient emballés par notre projet. Ce n’est pas tous les jours que des promoteurs souhaitent bâtir six unités de six logements dans une municipalité. »

Développer ailleurs

Pour M. Daoust et son partenaire, l’avenir du développement immobilier ne se passera pas à Sainte-Barbe. « Dans le contexte actuel, il n’y a pas de marché pour construire des locaux commerciaux, précise M. Daoust. En aucun temps ce genre de projet ne pourrait être rentable. Nous avons des discussions avec d’autres Municipalités. Pour ce qui est du terrain que nous avons acheté sur la route 202 et que nous avons payé des centaines de milliers de dollars, il restera vacant. Les gens doivent savoir que dans un projet comme celui-ci, l’achat du terrain se fait avec de la liquidité et non par un emprunt bancaire. »

Lors de la dernière assemblée virtuelle du conseil municipal de Sainte-Barbe, les deux entrepreneurs se sont manifestés afin d’obtenir certaines réponses. Ainsi, Philippe Daoust et Daniel Legault ont vu la mairesse Louise Lebrun expliquer que le changement de zonage est vraiment une coïncidente et que cela n’a pas eu lieu pour nuire à leur projet. Qu’aucun citoyen n’avait fait de plainte sur la nouvelle construction. Que le changement est en lien avec la nouvelle vision du conseil municipal. Un point est cependant à souligner, dans un premier temps, Mme Lebrun indique que la Municipalité n’a eu aucune plainte de citoyen en lien avec le projet et quelques instants plus tard, elle indique qu’il y a eu des plaintes, mais qu’elle ignore le nombre puisqu’elles n’auraient pas été comptabilisées.

« C’est vraiment une vision du conseil municipal, assure la mairesse Lebrun. Nous avons fait des consultations. On ne marche pas parce qu’il y a une plainte, on agit. Nous avons le droit d’aller en avant de cela. Nous avons le droit d’avoir une vision et de la proposer, que ça fonctionne ou que ça ne fonctionne pas. Ce n’est pas uniquement le conseil qui décide. Nous autres, on lance les visions, on regarde, on cogite, on réfléchit, on va voir ailleurs, on parle à des gens, on consulte des urbanistes. C’est cela le rôle d’élu, on a une vision pour la municipalité. Maintenant que l’on veut bien déposer une nouvelle règlementation, ce sont les citoyens qui vont décider à la fin. C’est cela la démocratie. Donc, on ne fonctionne pas par plainte. À partir de 12 plaintes, on commence à faire quelque chose, on ne fonctionne pas de même. C’est sûr que nous avons eu des plaintes. Nous autres nous avons pensé que c’était tellement une bonne idée que les six logis sur le bord de la route 132 dans le projet “Au gré des champs”, c’était la bonne place. Parce que l’on ne voyait pas des maisons unifamiliales s’installer là et la cour donnant sur la route 132. Mais nous avons eu beaucoup de plaintes disant que ça n’avait pas d’allure, c’est laid, ça pas de bons sens, et là, les gens passent ici, les citoyens de Sainte-Barbe, ils regardent ça et ils trouvent que nous n’avons pas fait un bon coup. Il y a la clôture qui va s’en venir, les cèdres vont s’en venir, mais là présentement, on les a dans la face. Donc là, les gens ont dit ça va faire, nous n’en voulons plus de cela. Ce n’est pas ça Sainte-Barbe. Là, ils entendent parler que sur le bord de la route 202, où ce que vous êtes, que de chaque côté ça va être des six logis, un corridor de six logis, on n’en veut pas de cela. »

Bien que M. Legault ait indiqué que l’ancien zonage ne permettait pas de créer un corridor d’unité de logement puisque le zonage était déjà commercial d’un côté de la 202, la première magistrate est restée sur sa position.

« Là, on le met sur les deux côtés. Ça fait que M. Legault, ce n’est pas par des plaintes, on n’a pas quantifié le nombre de plaintes, et de se dire on est rendu à 17, il faudrait que l’on fasse quelque chose. Il y a des commentaires partout. Ça vient du lac et il y a des commentaires pour le lac aussi, car demain, nous tenons une autre rencontre virtuelle pour le secteur du chemin bord, il y a aussi des gens qui font des commentaires, qui nous écrivent, qui nous appellent, on se fait aborder, c’est un ensemble de tout cela. On s’est assis. C’est comme cela que ça se passe », explique la mairesse de Sainte-Barbe Louise Lebrun.

Steve Sauvé

Journaliste

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