Difficile de trouver pire situation que celle que connait le port de Salaberry-de-Valleyfield. Pendant qu’une subvention gouvernementale de 24 millions a été annoncée pour favoriser l’expansion du port il y a quelques années déjà, le même gouvernement voit son service des douanes cesser le service offert sur place.
(Photo: site internet du Port de Valleyfield)
Les répercussions de ne plus être desservi par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) sont considérables. Cela a pour effet que le port de Salaberry-de-Valleyfield ne peut plus accueillir de conteneur. Un bateau rempli de vrac, mais ayant qu’un seul conteneur ne pourra plus être déchargé. Le navire devra obligatoirement prendre la direction d’un autre port.
La décision prise par l’ASFC de ne plus offrir de service fait suite à une transaction. Cela vient donc empêcher l’exploitant d’accueillir des conteneurs puisqu’un licence est obligatoire pour procéder à ce genre d’opération. En mai 2023, Desgagnés Logistik a fait l’acquisition de services Maritimes Valport, entreprise qui assurait les opérations au Port de Valleyfield.
Du son côté, l’ASFC justifie sa décision en parlant de pénurie de main-d’œuvre. En entrevue, Stéphane Billette, directeur du développement économique de Salaberry-de-Valleyfield, précise que la décision prise par l’ASFC est ridicule. « Les agents venaient au port environ une fois par mois, souligne M. Billette. Là, on risque de perdre des projets en raison de cette décision. »
Pour le maire de Salaberry-de-Valleyfield, Miguel Lemieux, il est évident que l’ASFC doit revoir sa décision. « Ce n’est pas bon pour personne, dit le premier magistrat. Ça fait plus de 20 ans que ce service est offert et là, ça cesse. Nous souhaitons une intervention politique rapide. »
Moins de navires
Puisqu’il n’est plus possible pour un navire transportant un ou des conteneurs d’être déchargé au port de Salaberry-de-Valleyfield, l’achalandage connaitra inévitablement une baisse. Miguel Lemieux parle d’environ 20 %. « L’option la plus simple sera d’envoyer ces navires au port de Montréal, indique le maire Lemieux. C’est ce qui est arrivé jusqu’à présent avec deux navires. Ce n’est pas bon pour l’économie et encore moins pour l’environnement. Le transport par bateau est ce qu’il y a de moins dispendieux et de moins polluant. Cependant, en ne pouvant pas accueillir de conteneur, les navires qui auraient dû être déchargés ici le seront dans un autre port et les cargaisons seront réacheminées dans la région par voie terrestre. »
« Le manque à gagner actuel en ce qui concerne le personnel fédéral et les autres investissements nécessaires de ressources dans les douanes qui permettraient à l’ASFC de réaliser son mandat se traduit par une restriction des activités commerciales et une augmentation des coûts, précise Bruce Burrows, président et directeur général de la Chambre de commerce maritime (CMM). On a constaté des exemples récents de ce phénomène à l’administration portuaire d’Hamilton-Oshawa, au terminal Picton et, plus récemment, chez Desgagnés Logistik à Valleyfield. La CCM vient rejoindre le nombre croissant d’entreprises, de dirigeants communautaires et d’autres intervenants qui en subissent les contrecoups et qui sont en quête de changements positifs, alors que nous offrons notre expertise pour aider à trouver des solutions. »
La CCM dit avoir écrit au gouvernement fédéral pour aborder spécifiquement la possibilité d’impliquer Desgagnés Logistik à Valleyfield, Québec et il en ressort qu’il est essentiel d’accorder un permis aux entrepôts d’attente de ces installations, ainsi qu’à de nombreuses autres installations qui sont toujours en attente d’examen de la part de l’ASFC.
Notons finalement que la députée de Salaberry-Suroît, Claude Debellefeuille est intervenue à la Chambre des communes afin de questionner le gouvernement. En guise de réponse, le ministre de la Sécurité publique, Dominic Leblanc, dit comprendre les inquiétudes concernant l’importance du port de Salaberry-de-Valleyfield et qu’il a l’intention de soulever des questions avec l’ASFC.