Des patients du Centre d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) Dr Aimé-Leduc sont à se mobiliser et à sortir dans la rue pour réclamer des soins de qualité et pour soutenir des travailleurs qui devront quitter prochainement puisque des postes seraient abolis.
Geneviève Boivin et Denis Lavoie soulignent la piètre qualité des soins qui sont administrés par les travailleurs provenant des agences de placement. (Photothèque)
Geneviève Boivin et Denis Lavoie lancent un cri du cœur. Ils jugent inacceptable que la direction abolisse des postes d’aide de service et mette fin aux quarts de travail de 12 h. Mme Boivin indique même craindre pour les soins qu’elle pourrait éventuellement recevoir. Le duo n’hésite pas pour employer le terme maltraitance organisationnel.
« Premièrement, je veux préciser que le personnel en place fait tout en son pouvoir pour nous offrir des soins, insiste Mme Boivin. Ils courent de gauche à droite continuellement. Comment la nouvelle gestionnaire peut arriver avec l’idée de couper les aides de service? Ç’a aucun sens. La direction nous a dit que les postes d’aide de service ça coûtent chers. Pourtant, lorsque vient le temps de recourir aux agences pour avoir des travailleurs, ça elle a de l’argent. Moi je mange à la cafétéria sous la supervision d’une aide de service spécialement formée si quelqu’un venait à s’étouffer. D’ici peu, qui va nous surveiller? Nous devrons manger à l’étage, j’imagine. »
Qualité des soins
Autant Mme Boivin que M. Lavoie soulignent la piètre qualité des soins qui sont administrés par les travailleurs provenant des agences de placement. « Parfois, il y a plus d’employés de l’extérieur que d’employé du CISSSMO sur les étages, expose la dame qui vit au CHSLD depuis 3 ans en raison de la sclérose en plaques. C’est incroyable. Certains ne parlent ni le français ni l’anglais. J’ai déjà vu des préposées provenant d’agence laver des dentiers avec du Feebreze ou encore nourrir des patients alors qu’ils étaient couchés. »
Travailleurs dévoués
Denis Lavoie connaît bien le domaine de la santé puisqu’il a été proposé aux bénéficiaires pendant 18 ans. « Jamais je ne vais blâmer les travailleurs, dit-il. Les gens font réellement leur possible. Ce qui est triste c’est le manque flagrant de travailleur permanent. Présentement, personne n’a envie de venir travailler ici avec la nouvelle direction. Des employés qui sont sur des quarts de 12 h devront revenir sur des quarts réguliers puisque la direction a pris cette décision. Les filles le disent, elles vont aller travailler ailleurs. On parle d’employés qui sont ici depuis plusieurs années donc elles ont l’ancienneté nécessaire pour obtenir d’autres postes ailleurs dès la prochaine période d’affichage. »
Linda Bercier est l’aidante naturelle de son fils Kevin Gratton. Le jeune homme a été victime d’un grave accident d’auto il y a quelques années. En raison de sa condition médicale, il vit au CHSLD Aimé-Leduc. Or, sa mère précise qu’elle demandera un transfert d’établissement.
« Ça fait deux fois que je m’engueule avec la direction, mentionne Mme Bercier. Lorsque mon fils est dans son lit, j’exige que les ridelles soient montées. Voilà que pour la direction, c’est une contention. J’ai averti la directrice que j’étais la tutrice légale de Kevin et que s’il arrivait qu’il chute pour cette raison, je n’hésiterai pas à la tenir personnellement responsable. »
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Geneviève Boivin et Denis Lavoie siègent tous deux sur le comité des résidents du CHSLD Aimé-Leduc. Dans les prochains jours, ils comptent rencontrer les autres résidents afin d’organiser une mobilisation.
« Pour cela, nous aurons besoin d’aide, confirme Mme Boivin. Ça va nous prendre des aidants. S’il faut sortir sur le trottoir pour avoir des services et faire entendre raison à la direction, nous allons le faire. C’est triste, mais il y a une personne hébergée ici qui préfère recevoir l’aide médicale à mourir puisqu’elle respecte les conditions, plutôt que de subir le traitement que nous avons. »