En raison des conditions de travail qu’elles jugent chaotiques des dizaines d’infirmières et infirmières auxiliaires, ont démission de leur lien d’emploi avec le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Ouest (CISSSMO).
Selon les informations obtenues auprès de Vanessa Léger, présidente par intérim du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Ouest, 48 infirmières et infirmières auxiliaires ont démissionné entre le mois de mars et le mois de juin. Donc, à ce jour, le nombre de démission et de retraites anticipées pourrait avoir augmenté.
Pour plusieurs travailleurs de la santé, l’arrêté ministériel du 21 mars est la goutte qui a fait déborder le vase. Cette façon de faire du gouvernement a permis l’annulation des congés, des vacances et même de passer outre la convention collective. Les travailleurs ont également eu l’obligation de travailler à temps plein, et ce, même si leur poste habituelle était à temps partiel.
Au bout du rouleau
Sous le sceau de l’anonymat, des infirmières confirment que l’imposition des heures supplémentaires est encore pratique courante dans certains établissements.
« Ce n’est pas rare que nous devions faire des 16 h, dit une infirmière qui compte plusieurs années d’ancienneté. J’ai rarement vu cela. Oui, nous avons finalement eu le droit de prendre des vacances, mais nous savions que cela mettait nos collègues dans le trouble. Il n’y avait personne pour remplacer ceux qui étaient en vacances. Le résultat est simple. Les gens devaient travailler en manque d’effectif. »
Le Québec pourrait-être touché par une deuxième vague de la Covid-19 dans les prochaines semaines. Les infirmières admettent qu’elles seront au front une fois de plus, mais que des questions subsistent.
« C’est simple, nous savons ce qui va arriver et la question que certaines se posent, et ce avec raison, est de savoir si elles souhaitent continuer. Lorsque je rencontre des étudiants qui songent à se diriger en soins infirmiers, le premier conseil que je donne est de trouver un autre métier. Dans les conditions actuelles, c’est vraiment difficile. Ça prendrait un vrai coup de balai dans le secteur de l’administration. C’est très mal géré. »
Le CISSSMO s’explique
Du côté du CISSSMO, la direction se dit consciente que la situation est difficile. D’ailleurs l’organisation dit travailler sur tous les fronts afin de diminuer la pression sur les services et sur les employés.
« La sécurité et la qualité des soins sont notre priorité et nous sommes toujours ouverts à trouver des solutions qui auront un impact sur l’augmentation de la disponibilité de main-d’œuvre, confirme Mélissa Gilbert, agente d’information aux communications externes au CISSSMO. L’enjeu principal à l’échelle de la province et particulièrement dans le contexte de pandémie est le manque important de disponibilité de main-d’œuvre. Il est important de considérer que plusieurs employés sont présentement soit en arrêt en raison de la COVID en plus des personnes affectées à des services reliés à la COVID comme les cliniques de dépistages. »
Toujours selon Mme Gilbert, le CISSSMO met continuellement en place différentes mesures afin de faire face aux défis liés au manque de main-d’œuvre.
« Plusieurs actions ont été réalisées au cours des derniers mois concernant l’augmentation de la disponibilité, dit-elle. Le CISSS de la Montérégie-Ouest a proposé un ambitieux projet de rehaussement de postes à toutes les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes qui avaient un poste à temps partiel. L’offre est toujours en cours et toutes les infirmières qui le souhaitent peuvent être rehaussées à temps plein. »
Le 16 septembre, plus de 1 000 postes seront affichés à l’interne dans l’organisation afin de stabiliser les équipes. En plus des affichages internes qui ont été annulés à cause de la pandémie, il y aura la bonification des postes de plusieurs secteurs actuellement en difficultés. Un affichage externe suivra.
Rétention
Pour ce qui est de la rétention des employés, l’établissement mise sur une meilleure intégration des nouveaux employés.
« Des actions sont déployées à travers l’organisation afin de s’assurer que les meilleures pratiques en termes d’intégration sont actualisées. De plus, un processus de recrutement accéléré pour nos stagiaires est actuellement en place. Les prochains mois seront axés sur la poursuite des actions de visibilité pour faire rayonner notre organisation grâce à tout le travail accompli par chacune des équipes et ainsi favoriser le recrutement. Nous sommes également en recherche active de solutions à court terme avec la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ). À la suite d’une rencontre avec leurs représentants, il a été convenu de mettre sur pied un comité de travail dès cette semaine à ce sujet », conclut Mélissa Gilbert.