Étudier ou être commerçant, tout en habitant dans le Haut-Saint-Laurent et d’avoir accès à une connexion internet, représente une difficulté pour les personnes concernées.
Le dossier de l’internet à haut débit dans le Haut-Saint-Laurent fait couler beaucoup d’encre, et ce depuis plusieurs années. En 2017, Québec et Ottawa s’unissaient et annonçaient un investissement de près de 6 M$ pour desservir plus de 1200 foyers de cette région. Or, même si trois années se sont écoulées depuis l’annonce gouvernementale, plusieurs citoyens ne peuvent toujours pas compter sur une connexion fiable.
Pire, des élèves qui doivent faire l’école à la maison en raison des mesures mises en place par le premier ministre Legault ne parviennent même pas à se connecter sur les plateformes. La raison est pourtant simple ; le débit de connexion n’est pas suffisant.
Un résident de Saint-Anicet explique craindre pour la réussite scolaire de son adolescente puisqu’elle ne peut faire l’école à la maison. « Elle va à l’école une journée sur deux, dit le père. Le problème c’est que lorsqu’elle est à la maison, elle ne réussit pas à se brancher pour suivre sa classe. Notre débit internet est trop lent. Notre vitesse internet varie de 0,5 à 2, 5 Mbit/seconde. C’est insuffisant pour utiliser les plateformes comme Zoom et Team. »
Même réalité pour les commerçants
Si certains citoyens sont affectés par la situation, il en va de même pour les commerçants. Marc Faubert, propriétaire du club de golf de Saint-Anicet fait savoir que les problèmes sont fréquents lorsque ses clients souhaitent payer.
« C’est très long, dit M. Faubert. Il faut comprendre que les transactions effectuées avec une carte exigent d’avoir internet. Dans notre cas, puisque nous n’avons pas de constance avec la connexion, il n’est pas rare de voir les clients faire la file pour payer. »
Fait étonnant, la fibre optique passe devant le club de golf de Saint-Anicet, cependant, l’entreprise de M. Faubert ne peut pas y avoir accès. « C’est uniquement pour l’école primaire de Saint-Anicet, dit-il. Aucun client ne peut y être branché. C’est exclusif à l’école. »
Lui-même père de famille, Marc Faubert confirme que sa fille a été dans l’obligation d’aller vivre chez une tante lors du premier confinement afin de poursuivre ses études.
« Elle est à l’université de Sherbrooke. Lors du premier confinement, elle est revenue à la maison. Cependant, lorsque l’université a repris, mais à distance, elle n’était pas capable de se connecter sur internet pour suivre ses cours. Par chance, nous avons de la famille à Sainte-Barbe et là, il y a internet haute vitesse. »
La députée DeBellefeuille sur le dossier
Pour la députée fédérale de la circonscription de Salaberry-Suroît, Claude DeBellefeuille, la réalité démontre l’urgence d’élargir l’accès à internet haute vitesse aux régions moins bien desservies.
« Plus que jamais, internet haute vitesse constitue un service essentiel au même titre que l’électricité, au siècle dernier, image Mme DeBellefeuille. Les ratés que nous connaissons aujourd’hui sont inestimables et sèment, avec raison d’ailleurs, la colère de plusieurs résidents de notre circonscription. »
Mme DeBellefeuille dit comprendre le désarroi des citoyens, puisqu’elle doit composer également avec le problème. « J’habite à Ormstown, mentionne la députée. Lorsque je fais une conférence par internet, les gens me voient comme un robot. Ma connexion internet est faible. Se tourner vers le télétravail, étudier, avoir accès aux services publics et communiquer avec nos proches en période de pandémie s’avèrent des actions impensables sans un réseau Internet fiable. »
Un des problèmes
Claude DeBellefeuille indique qu’une des problématiques entourant le déploiement d’internet haute vitesse dans le Haut-Saint-Laurent vient du fait que la compagnie qui en fait l’installation n’est pas propriétaire des poteaux.
« L’entreprise qui fait l’installation est Targo. Celle-ci se bute à un obstacle majeur. Avant d’installer quoi que ce soit sur un nouveau poteau, elle doit avoir l’autorisation de le faire par le propriétaire du poteau. Comme la loi précise que Bell doit faire connaitre sa position dans un délai de 90 jours à la suite d’une demande d’autorisation, il semble que ce n’est pas rare que l’autorisation soit donnée à la 90e journée. »
Des tentatives de rejoindre les entreprises Targo et Bell ont été effectuées. Or au moment de publier, aucun retour n’avait eu lieu.