Exaspérée par la vitesse devant sa résidence, Éryka Pomerleau souhaite changer les choses. Cependant, la Municipalité de Saint-Étienne-de-Beauharnois lui a expliqué qu’elle n’avait pas juridiction, puisqu’il est question d’une route numérotée.
À droite, on aperçoit la résidence d’Éryka Pomerleau. En l’espace de quelques semaines, deux accidents sont survenus sur son terrain. (Photothèque)
Voir un accident d’auto survenir sur son terrain est la crainte de plusieurs personnes. Mme Pomerleau l’a vécu deux fois en l’espace de quelques semaines. Le samedi 17 octobre, une voiture a percuté sa clôture et a endommagé au passage un garage, une remorque et un bateau.
Comme si cette situation n’était pas assez troublante pour celle qui opère un service de garde à la maison, le 14 août dernier, un automobiliste ivre a embouti sa résidence avant de prendre la fuite. Le conducteur a été arrêté à Ormstown quelques heures plus tard.
50 km/h
Mme Pomerleau indique que des panneaux de signalisation indiquant que la limite de vitesse de 50 km/h sont en place. Tout comme un arrêt obligatoire en face de sa résidence. Malgré cela, la réalité dépasse la fiction.
« Ça roule entre 90 et 130 km/h, dit Mme Pomerleau. C’est une piste de course. Pour ce qui est de l’arrêt obligatoire, la moitié des conducteurs ne le fait pas et l’autre moitié ne fait que ralentir. La nuit, nous entendons les voitures passer à toute vitesse. Les moteurs se font entendre. »
La problématique de la vitesse ne date pas d’hier. Neuf accidents seraient survenus à cette intersection lors des quatre dernières années. Également, la construction d’un nouveau développement résidentiel a augmenté le flux circulation.
« J’ai été à la dernière assemblée du conseil municipal pour expliquer la situation que les élus connaissent déjà, confirme Mme Pomerleau. C’était particulier puisque le maire était absent et que les conseillers m’ont accueilli dans le garage parce que nous étions trop nombreux dans la salle. Il n’y avait pas de place. Pourtant, le conseil savait que j’allais être présente et accompagnée. J’ai eu comme explication que le chemin Saint-Louis était une route numérotée donc que je devais faire des plaintes à la Sûreté du Québec. »
Des modifications
Eryka Pomerleau demande l’installation de dos d’âne ainsi que la mise en place de panneaux lumineux pour inciter les automobilistes à ralentir. Elle indique également avoir eu la confirmation de la Sûreté du Québec qu’une enquête serait en cours. « Ce que je trouve déplorable c’est que ça va prendre des morts pour faire bouger les choses, mentionne Mme Pomerleau. Nous ne nous sentons pas en sécurité à la maison. Mes enfants n’ont même pas le droit de jouer sur le terrain en avant, car nous avons trop peur. »
MTQ
Des approches ont été faites auprès du ministère des Transports. Or, la citoyenne qui les a faites a reçu une réponse qui ne laisse aucun doute.
« Nous souhaitons vous informer que toute demande de modification impliquant une route du réseau supérieur, c’est à dire sous la gestion de notre ministère, doit nous parvenir de la municipalité concernée qui, si elle juge la modification nécessaire et conforme au besoin du milieu, nous la transmettra par voie de résolution municipale. Aussi, votre demande d’ajout de dispositifs de gestion de la circulation devra plutôt être soumise aux élus de la municipalité de Saint-Étienne-de-Beauharnois qui jugeront s’il est requis ou non de la présenter au ministère des Transports », peut-on lire dans le courriel reçu par la citoyenne.
Saint-Étienne-de-Beauharnois s’explique
De côté de la municipalité, le maire Gaétan Ménard, fait savoir que le MTQ a été contacté. Or, selon le maire, même si le ministère prend des mesures, que cela ne fera possiblement rien changer.
« Ça fait 71 ans que j’habite à Saint-Étienne-de-Beauharnois et c’est la première fois qu’une voiture percute une maison à cet endroit, confirme le premier magistrat. Je suis désolé pour la famille, mais dans les deux accidents survenus sur ce terrain, les conducteurs roulaient à plus de 100 km/h. Nous avons investi 1 M$ pour paver le rang du Dix l’an dernier. Certains automobilistes sont tentés d’aller plus vite. »
Le maire Ménard précise qu’une présence plus importante de la Sûreté du Québec pourrait faire une différence. « On va regarder les alternatives, dit-il. Peut-être que l’installation de signalisation plus grosse pourrait faire une différence. Cependant, il faut aussi comprendre que l’intersection du chemin Saint-Louis et du rang du Dix est assez achalandée et que le chemin Saint-Louis est une route numérotée. Donc, elle n’est pas de notre juridiction. »
Il a aussi été possible d’apprendre en contactant la municipalité qu’une rencontre a eu lieu avec le MTQ en mai 2019 et que la direction de Saint-Étienne-de-Beauharnois contacte régulièrement la Sûreté du Québec afin d’obtenir plus de rondes sur son territoire.