La politique polarise et enflamme les chaumières. Les hommes et femmes qui s’engagent dans cette arène sont conscients que leurs actions, paroles et décisions seront scrutées à la loupe par la population. Toutefois, la ligne est souvent très mince entre la liberté d’expression et la diffamation. Les élus municipaux vivent-ils de l’intimidation ? De la violence physique ou verbale? C’est ce que VIVA-MÉDIA a tenté de découvrir.
Les élus questionnés sont unanimes ; aucun n’a été victime de violence physique. Règle générale, les citoyens sont courtois. La violence est à un tout autre niveau, elle s’infiltre sur les réseaux sociaux, elle est contenue dans les commentaires parfois acerbes truffés de qualificatifs peu gracieux et dans des propos diffamatoires.
Miguel Lemieux, maire de Salaberry-de-Valleyfield, concède avoir été relativement épargné par les messages désagréables depuis son arrivée en poste en novembre 2017. « Toutefois, il reste toujours quelques trolls toujours prêts à déverser leur haine sur les réseaux sociaux. Honnêtement, je trouve cela plus triste pour eux que pour nous. Il faut vraiment n’avoir aucune estime personnelle et souffrir d’un immense manque d’attention pour essayer de se donner de l’importance en insultant les autres. Ce qui est le plus dommage, c’est que bien souvent, ce ne sont pas les personnes ciblées, les élus dans ce cas précis, qui sont les plus affectés. Ce sont leurs proches. Derrière chaque élu(e), il y a un(e) conjoint(e), des enfants, des parents, des amis. Parfois, ce sont donc les enfants des élus qui sont les premiers à lire les commentaires haineux, il ne faut jamais oublier ça. Ces enfants deviennent des victimes collatérales alors qu’ils n’ont rien demandé. Quand on entend un politicien dire qu’il se retire pour des raisons familiales, ce n’est pas toujours pour une question de temps et d’horaire. C’est aussi qu’ils en ont marre de voir souffrir leurs proches en raison des insultes qui leur sont destinées. Combien de personnes de grande qualité renoncent à se présenter pour préserver leur famille de ce climat toxique? Beaucoup trop », mentionne monsieur Lemieux avant de conclure que les trolls nuisent donc beaucoup plus que ce que l’on pourrait croire à la bonne marche de notre vie démocratique.
Louise Lebrun, mairesse de Sainte-Barbe et préfète de la MRC du Haut-Saint-Laurent mentionne avoir été épargnée par les commentaires haineux durant les dix dernières années soit jusqu’à l’année dernière où elle a été visée par des propos diffamatoires. « Nous sommes des personnages publics et plus nous sommes à la tête de la pyramide et plus nos décisions sont scrutées. Je travaille pour l’ensemble des citoyens et parfois, ce qui est bon pour votre voisin ne l’est pas pour vous. Le danger est la désinformation et la démagogie, c’est là que ça peut déraper. Récemment, j’ai été victime de propos diffamatoires à mon endroit sur les réseaux sociaux. Je n’avais jamais vécu ça avant. C’est désolant, mais je ne voudrais surtout pas que cela décourage les femmes qui désirent se lancer en politique municipale. C’est un risque, mais nous sommes capables de nous défendre et ça demeure des évènements isolés ».
Pour sa part, monsieur Bruno Tremblay confie qu’il trouve épouvantables certains propos véhiculés sur les réseaux sociaux. « Certains sont plus sournois, mais d’autres dépassent les bornes. Selon moi, cela est de l’intimidation. Certains commentaires sont inacceptables en société. Parfois, c’est d’une gratuité qui n’a pas sa place. Il y a beaucoup de démagogies. Sur les réseaux sociaux, souvent sous le couvert de l’anonymat, si l’on pense aux pages Spotted de ce monde, les gens se permettent souvent de dépasser les bornes. J’ai une bonne carapace, je ne suis pas sensible à cela, je tente de ne pas y accorder une grande importance. Le problème est lorsqu’on attaque mes enfants qui n’ont rien à voir là-dedans. Ils n’ont pas à être mêlés à ça et c’est inadmissible. Il y a des effets collatéraux pour des gens qui n’ont rien à voir là-dedans, c’est déplorable ».