De l’aide pour les élus municipaux | VIVA MÉDIA Skip to main content

Lorsqu’effectuer son travail nécessite une aide psychologique, il faut se questionner. Les élus ne l’ont pas facile. Menaces de mort, injures et même propos sur les membres de la famille, cela explique peut-être que les candidats ne font pas la file lorsqu’arrive une élection.

Voici un exemple intégral d’un message reçu par un élu.

« Jamais je mettrez à genoux devant une gang d’imbecile sans queue ni tête vous êtes vous regarder dans un miroir vous avez l’aire d’une gang de sans abris Vous confiez le Québec ou le Canada serez de se mettre une balle dans tête hey on tu l’aire de des cruches comme vous autres faudrait quand même pas charier n’on jamais je vas m’abaisser au même niveau que des charognards comme vous autres hun plutôt mourir que de te quêter de quoi lolol toe pi’s ta gang nous coûter crissement plus cher que ce que vous nous rapportez je viens de trouvez ce que vous êtes vous êtes DES RATS DE BUREAUX. »

Le gouvernement du Québec a annoncé le 28 février un investissement de près de 2 M$ afin de fournir de l’aide psychologique de première ligne gratuite aux élus municipaux et aux membres de leur famille.

Dans le Suroît, les élus des villes et municipalités ne sont pas épargnés. Ce genre d’intimidation dont l’auteur se croit en droit de tout dire puisqu’il est derrière un clavier est aussi présente. À Salaberry-de-Valleyfield, le maire Miguel Lemieux qui occupe aussi la fonction de préfet de la MRC de Beauharnois-Salaberry, assure que les menaces proprement dites envers les élus à Salaberry-de-Valleyfield ne sont pas chose courante, mais qu’il y en a.

« Effectivement, les élus sont occasionnellement visés par des propos vexatoires, explique le maire de Salaberry-de-Valleyfield. Il en est de même d’ailleurs des employés municipaux, qui sont parfois ciblés. La plupart du temps, les propos haineux sont tenus sur les réseaux sociaux, mais ailleurs que sur leurs pages personnelles. Ce genre de messages va généralement être généré dans le cadre de certaines décisions ou nouvelles concernant la Ville. Malheureusement, la désinformation est aussi très souvent à l’origine des propos haineux ou désobligeants. »

M. Lemieux ajoute que la Ville de Salaberry-de-Valleyfield encourage tous les élus à dénoncer tous propos ou comportements jugés inacceptables à son égard.

La situation n’est pas plus reluisante dans Vaudreuil-Soulanges. Patrick Bousez, maire de Rivière-Beaudette et préfet de la MRC de Vaudreuil-Soulanges explique pour sa part que la situation a connu un regain important depuis la pandémie de COVID-19.

« 10 % des élus municipaux ont démissionné dans les 2 dernières années et ce n’est pas fini, mentionne M. Bousez. Si on prend les maires des petites municipalités, ils sont encore plus proches des citoyens. En prenant en considération la charge de travail, puisque tu es un élu 24 h sur 24 h, sept jours par semaine, combiner aux menaces et aux propos diffamatoires, ça ne donne pas envie de se lancer en politique. »

Patrick Bousez insiste sur le fait qu’il est important de dénoncer les situations. « C’est rendu que les élus suivent des formations sur comment gérer les réseaux sociaux, confirme-t-il. Présentement, on se prive de bons candidats puisque ça ne donne pas envie aux gens de s’impliquer. Je veux toutefois préciser que 99 % des citoyens sont agréables. Cependant, devant l’insistance du 1 %, on voit maintenant des élus avoir besoin de prendre des pauses. »

Plusieurs démissions

Depuis la dernière élection municipale, ce sont près de 800 élus qui ont démissionné de la fonction qu’ils ont pourtant convoitée et pour laquelle ils ont fait une campagne. Cette statistique publiée par l’Union des municipalités du Québec a de quoi faire réfléchir.

Il est possible de constater que certaines séances publiques de conseil municipal sont le théâtre d’agressions verbales. Pour le président de la Fédération québécoise des municipalités, Jacques Demers, il est temps que les choses changent. « Un groupe dans une salle de conseil peut faire sentir sa désapprobation lorsque certaines personnes adoptent des comportements qui ne sont pas appropriés, dit-il. Ce n’est pas un spectacle, on veut échanger. Si ça va trop loin, il y a peut-être des personnes pour qui ce n’est pas leur place de suivre un conseil. »

Du côté des élus provinciaux et fédéraux, la situation n’est pas plus reluisante. Claude DeBellefeuille, députée de Salaberry-Suroît explique que depuis le succès des réseaux sociaux, et encore plus depuis la pandémie, qu’elle remarque une hargne particulièrement violente envers les élus, peu importe le niveau politique. « Je la subis moi-même chaque semaine sur ma page Facebook ou mon courriel officiel de députée. On se forge une carapace, mais elle n’est jamais complètement étanche et, à la longue, ça nous atteint. Je me console en me disant que c’est loin d’être la majorité des gens qui ont des comportements, des paroles ou des inadéquats, mais la tendance à la hausse est inquiétante. »

Steve Sauvé

Journaliste

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