L’humain passe en premier chez Ancre & Ailes à Ormstown | VIVA MÉDIA Skip to main content

Dans le Haut-Saint-Laurent, un organisme œuvre depuis 30 ans à briser le cercle vicieux de l’isolement, de la stigmatisation et du rejet. Situé dans un ancien et vaste presbytère à Ormstown, Ancre & Ailes offre un milieu de vie chaleureux et accueillant à ces adultes ballotés par la vie, affectés par une forme ou l’autre de détresse psychologique.

On mange bien chez Ancre & Ailes, un organisme du Haut-Saint-Laurent qui œuvre depuis 30 ans à aider les personnes affectées par une forme de détresse psychologique.

(Photothèque)

De Carey Price à Jonathan Drouin, en passant par Denis Coderre, Simone Biles et Naomi Osaka, le grand public a pu réaliser ces derniers mois que ses héros étaient des hommes et des femmes comme les autres, en proie eux aussi à des passages à vide.

« Vrais héros ou pas, ces derniers sont loin d’être les seuls à entreprendre bien malgré eux une longue traversée du désert. En fait, un Québécois sur cinq souffrira d’une forme ou l’autre de maladie mentale au cours de sa vie, les troubles de l’anxiété touchant à eux seuls 10% de la population », souligne André Lachance, porte-parole de l’équipe d’Ancre & Ailes.

« Eh bien qu’ils coûtent des centaines de millions de dollars en pertes de productivité chaque année au Québec, les conséquences des problèmes de santé mentale ne se limitent pas aux seules considérations économiques dans un monde où la souffrance intime des individus n’est, elle, presque jamais prise en compte », ajoute le rédacteur de nouvelles à la retraite.

« Il n’a qu’à se reprendre en main », « elle est folle », « c’est un paresseux qui ne veut pas travailler », « elle a peur de tout et de rien »… Combien de fois n’a-t-on pas entendu ces jugements rapides portés à l’encontre d’un ami, d’une voisine, d’un camarade de travail, momentanément incapables de fonctionner «normalement» en société et stigmatisés si leur déprime perdure?

Avec de pareils préjugés, il n’est pas étonnant que près des 2/3 des personnes atteintes d’une forme ou l’autre de détresse psychologique rechignent à demander une aide dont elles ont pourtant grand besoin.

L’organisme Ancre & Ailes, qui rejoint chaque semaine quelques dizaines d’hommes et de femmes venant de partout dans la région du Haut-Saint-Laurent, peut s’enorgueillir d’avoir aidé au fil des ans une importante quantité de personnes à retomber sur leurs pieds.

« On soutient beaucoup les personnes dans leur processus d’insertion sociale », explique Geneviève Couture, la directrice, entre deux visites au rez-de-chaussée qui bourdonne d’activités. « On compte pour ce faire sur l’écoute active et l’entraide entre les divers participants. Et on le fait en acceptant la personne dans sa globalité, sans juger ni discriminer. C’est qu’on croit dans le potentiel de chacun», élabore Mme Couture.

En plus du dîner communautaire et d’une multitude d’activités sportives ou culturelles, Ancre & Ailes organise régulièrement des groupes de discussion et de partage où chacun est invité à parler librement. C’est ce qui est arrivé récemment lorsque l’animatrice Cynthia Chapdelaine a demandé à chacun de raconter un épisode de leur vie où leur confiance en soi avait été mise à rude épreuve.

« Souvent, je préférais quitter un emploi plutôt que d’expliquer à mon patron que les autres se moquaient cruellement de moi », raconte J.P., un sexagénaire qui a connu maints foyers nourriciers dans son enfance. « J’avais peur d’affronter mes problèmes et j’ai fait une grosse dépression qui m’a conduite au bord du suicide. Aujourd’hui, je me sens enfin bien dans ma peau et ça, c’est grâce à Ancre & Ailes. »

Tout à côté, une jeune femme décidée, C., se félicite d’avoir enfin trouvé les bons mots pour se réconcilier avec sa famille qui l’a rejetée il y a huit ans. « J’ai appris à dire ma vérité sans blesser personne », se réjouit-elle alors que P.L. ajoute « qu’ici, l’équipe apaise nos douleurs, sans médication. L’écoute sans jugement des gens d’Ancre & Ailes n’a pas de prix», affirme-t-il.

Ancre et Ailes est situé au 10, rue Bridge à Ormstown et on peut rejoindre un membre de l’équipe au 450 829-3491.

Denis Bourbonnais

Journaliste

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