Les femmes de ma vie | VIVA MÉDIA Skip to main content

J’ai toujours admiré les femmes. Depuis toujours, elles m’inspirent par leur féminité, leur délicatesse, leur force de caractère et leur intelligence.

Une de mes muses qui porte la vie : celle de ma petite-fille Éléonore.

Crédit photo : Véronique Hébert

Je viens d’une famille où les femmes avaient ce don de faire croire à leur mari qu’il décidait alors qu’en réalité, ces derniers décidaient ce qu’elles avaient voulu qu’ils décident. Des femmes brillantes, qui à leur époque ont trouvé le moyen de s’imposer en subtilité.

À la mort de mon arrière-grand-père, mon arrière-grand-mère a tenu une maison de chambres. À ce que l’on raconte, les travailleurs de la Montréal Coton qu’elle hébergeait avaient intérêt à bien se tenir. Elle avait un sacré caractère, disait-on.

Ma grand-mère maternelle a tenu seule un dépanneur de quartier … dans ce qui lui servait auparavant de salon. On raconte qu’à l’époque où elle a rencontré mon grand-père, il était un des plus beaux partis du coin. On raconte aussi que dès que ma grand-mère a posé les yeux sur lui, elle savait qu’il la marierait. Elle s’est alors imposée par son sens de l’humour, son intelligence et son aplomb. Il parait que dès lors, mon grand-père n’a eu aucune chance de lui résister. L’éternel célibataire était amoureux avant même de le réaliser.

À la mort prématurée de mon grand-père, elle a essuyé sa peine et s’est relevé les manches pour ses enfants. Plusieurs années plus tard, un homme est tombé amoureux d’elle. Il aurait tout donné pour l’épouser, mais elle a refusé jusqu’à son dernier souffle. Le pauvre homme … comme il aurait voulu emménager avec elle, mais ce n’était pas lui qui décidait.

Fleurette serait éternellement la femme d’un seul homme, comme elle l’avait promis. Une femme de caractère, loyale à ses convictions, loyale à elle-même jusqu’au bout.

Mes filles

Je suis mère de quatre filles dont trois sont adultes. Je suis grand-mère de quatre petites-filles. Je suis témoin des femmes épanouies et fortes que mes filles sont devenues et j’observe non loin les grandes filles que deviennent mes petites-filles.

Mon aînée est une artiste qui réussit tout ce qu’elle touche. Elle partage sa vie avec des adultes vivant avec une déficience intellectuelle, s’occupe de ses trois filles et est impliquée dans deux conseils d’administration pour des organismes de la région. D’ailleurs, elle est la présidente de celui du Club de la joie de vivre. Une femme forte qui ne craint pas de se battre bec et ongles pour les intérêts de ceux qu’elle représente.

Ma seconde fille est mère de deux garçons. Elle est travaillante et fonceuse. Ce que Krystina veut, Krystina l’obtient. Une femme organisée, sensible et déterminée. Elle ne craint pas d’affronter les épreuves : elle fonce tête devant. Elle est de celles qui ne se laissent pas marcher sur les pieds, qui pourraient parcourir le monde pour porter secours aux siens. Une véritable lionne qui veille sur ceux qu’elle aime en rugissant pour faire fuir l’ennemi.

Ma troisième est une petite douceur. Avec sa petite voix, sa gentillesse et ses grands yeux bleus, elle est la bienveillance incarnée. Mère d’une petite fille, elle lui consacre tout son temps au péril de sa propre vie affective. Elle porte en elle toute la beauté du monde. Une femme d’une extrême sensibilité, d’une grande intelligence émotionnelle, qui se fait un devoir d’être la voix des opprimés.

Ma quatrième, du haut de ses 11 ans, ne s’en laisse pas imposer. Grande sportive, elle refuse de faire ce qu’elle ne veut pas faire. Impossible de l’entrainer sur le mauvais chemin. Elle a des valeurs bien ancrées et rien ne peut la faire dériver de ses objectifs. La confiance qu’elle a en elle-même est déconcertante.

Je suis la mère de quatre filles, différentes les unes des autres, mais semblables dans leurs forces et leur façon de me rendre incroyablement fière. Tous les jours de ma vie, j’ai le privilège de célébrer les femmes, célébrer l’amour et l’admiration que je leur porte.

Ma mère

Pour ma mère, sa féminité était la source de toute sa souffrance. Déjà petite, au cœur des années 1960, elle savait qu’elle était née dans le mauvais corps. La vie lui avait grâce d’un physique digne des muses des grands peintres de ce monde. Une chevelure ébène, un teint laiteux, des yeux à vous faire mourir d’envie de vous y plonger pour le reste de votre vie.

Pourtant, elle se détestait et détestait tout ce qui faisait d’elle une femme. À ma naissance, elle a pleuré durant de longues heures, persuadée qu’elle me transmettait la malédiction d’être moi aussi née fille. J’aurais aimé qu’un ange lui souffle à l’oreille que tout irait bien, que naitre fille était ma plus belle bénédiction, que cela me permettrait d’un jour donner naissances à mes héritières.

À sa façon, ma mère a brisé des plafonds de verre. Elle est une pionnière. Au début des années 1980, elle a décidé qu’il était temps pour elle d’aller à la rencontre de son destin. Après un long processus douloureux, le elle a fait place à il.

Une décision qui changera le cours de sa vie, de notre vie.

Mes muses

Je suis autrice de romans historiques. Je raconte des histoires mettant en lumière des femmes. Peu importe l’époque, les femmes sont mes muses. J’aime mettre en mots leurs forces et leurs vulnérabilités. Mettre en lumière les défis qu’elles ont rencontrés, mais surtout comment elles sont toujours parvenues à tirer leur épingle du jeu.

Depuis toujours, les femmes m’inspirent.

Mélanie Calvé

Journaliste

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