Alors que la juge Myriam Lachance a acquitté Jonathan Lessard de meurtre au 1er degré de Serge Schinck le vendredi 15 janvier au palais de justice de Valleyfield, la fille de la victime, Tracy Schinck, est déçue de la décision et elle souhaite qu’une requête soit déposée devant la Cour d’appel.
Le mot déception est faible lorsque les filles de la victime parlent des émotions qui l’habitent depuis que la juge Lachance a acquitté Jonathan Lessard. Pour Tracy Schinck, la décision de la juge Lachance est loin de rendre justice. Elle assure que tous les membres de sa famille ne croient pas la version donnée par Jonathan Lessard lors de son procès. Que Jonathan Lessard n’était pas le colocataire de son père.
« Mon père habitait en arrière de chez nous, dit-elle. Nos cours arrière étaient séparées par une clôture. Si mon père avait eu un colocataire, il m’en aurait parlé ou je m’en serais aperçue puisque j’aurais vu cette personne. »
Préméditation
La fille de Serge Schinck est convaincue que Jonathan Lessard s’est introduit par effraction dans l’appartement de son père et que le meurtre était prémédité. « Sa version ne fait aucun sens, martèle Tracy Schinck. Jonathan Lessard ne souffrait pas de psychose. Lorsque je me suis présentée chez mon père le dimanche matin et que j’ai fait un face à face avec Jonathan Lessard, il m’a parlé correctement. Il ne démontrait aucun signe de psychose. Il ne semblait pas intoxiqué. Il m’a dit que mon père n’était pas là, qu’il était parti en vacances aux États-Unis. »
Tracy Schinck croit que l’assassinat de son père est une commande qui a été passée à Lessard. « Je crois qu’une personne proche de mon père a demandé à Jonathan Lessard de commettre le meurtre. Je crois également qu’il n’a pas agi seul. Cependant, les enquêteurs n’ont pas retenu ma théorie. Eux, ils disaient que la preuve était comme du béton et que Jonathan Lessard serait reconnu coupable de meurtre au 1er degré. Le béton s’est transformé en sable. »
Mme Schinck dit ne rien avoir à reprocher au travail effectué par les procureurs du Directeur des poursuites criminelles et pénales. Par contre, elle admet qu’elle ne pourra plus avoir confiance envers les instances judiciaires.
« Il y a eu 174 semaines entre le meurtre et le verdict. Pendant tout ce temps, j’ai gardé espoir en me disant que justice serait rendue. Ça n’a aucun sens. Lors de sa décision, la juge a dit qu’elle ne croyait pas le témoignage de Lessard et pourtant elle l’acquitte. En le reconnaissant coupable d’homicide involontaire, Jonathan Lessard pourrait sortir de prison rapidement puisqu’il n’y a pas de peine minimale au Code criminel. Supposons qu’il soit libéré dans 2 ans, est-ce que j’ai envie d’expliquer à mes enfants qu’ils pourraient croiser dans la rue le meurtrier de leur grand-père. Est-ce que la juge accepterait de l’avoir comme voisin? »