La santé mentale des travailleurs, de tous les domaines, n’est pas épargnée ces dernières années. Nombreux sont ceux qui relèvent quotidiennement des défis considérables pour s’adapter aux restrictions et obligations relatives à la pandémie.
Comme plusieurs, les enseignants jonglent depuis mars 2020 avec la mise en place des mesures sanitaires. Deux enseignantes ont accepté de témoigner anonymement sur l’état de leur santé mentale. La première affirme qu’elle est épuisée. « Nous sommes laissées à nous-même. Ma charge de travail déborde. Nous devons nous adapter aux absences, faire un plan de contingence, adapter nos enseignements. Je passe mon temps à rappeler aux enfants les mesures concernant leur masque. Je suis épuisée, vraiment épuisée. Tous les jours, je me dis qu’il est temps que j’arrête, que je fasse une pause, mais si je le fais qui me remplacera? Nous sommes déjà cruellement en manque de personnel. J’aime encore autant mon métier, je l’ai choisi alors que j’étais toute petite, mais en ce moment, je dois avouer que je me remets beaucoup en question. D’un autre côté, qu’est-ce que je pourrais faire d’autre? Enseigner, c’est ma vie et cela devait l’être, jusqu’à ma retraite. Au moment, où je vous parle, je me demande sincèrement si je vais tenir le coup ».
L’enseignante mentionne qu’elle se sent émotivement très fragile. « Certains matins, je pars de la maison à reculons. Je suis de nature très patience, mais ma banque de patience diminue de jour en jour. Je tiens le coup, il reste moins de cinq mois, au calendrier scolaire. En ce moment, nous enseignons dans des conditions minimales, on survit, on met sous le tapis notre épuisement et on garde le sourire. Jusqu’à quand, je pourrai le faire, là est la question. Pour répondre à votre question, ma santé mentale ne va pas fort, mais je tiens le coup, comme plusieurs de mes collègues ».
De son côté, la deuxième enseignante qui s’est confiée à VIVA MÉDIA mentionne que bien qu’elle soit également épuisée, chaque matin, elle est heureuse de retrouver ses élèves. La pandémie lui aura permis de changer son approche, en qualité d’enseignante. Auparavant, elle visait l’excellence, pour ses élèves. Sa mission était de les élever, le plus haut possible, de leur apprendre à donner le meilleur d’eux-mêmes. Aujourd’hui, son objectif premier est de prendre soin d’eux. De prendre le temps, de s’assurer que leur moral se porte bien.
L’enseignante souligne que bien que les conditions d’enseignements soient actuellement difficiles, elle a vu pire. L’expérience acquise au fil de ces longues années d’enseignements lui permet de relativiser les choses et de garder le sourire. « Ce que je trouve difficile, c’est d’être témoin de la détresse de certains de mes collègues qui eux, sont épuisés. Les plus jeunes craquent sous la pression, c’est triste. Le climat ambiant dans les écoles a également une incidence sur la santé mentale de ceux qui y travaillent. »
« La culture de l’école fait une grande différence. Elle a une incidence dans le bien-être d’un enseignant. Plus l’école est ouverte, plus cela enlève une pression sur les enseignants. Certaines écoles semblent vouloir que les élèves maturent plus rapidement que leur rythme naturel. Cela instaure un climat plus difficile pour nous et pour eux ».
L’enseignante conclut que sa santé mentale se porte bien, mais que ce n’est malheureusement pas le cas pour tous ces confrères. Il ne faut jamais sous-estimer la souffrance qui se cache derrière un sourire.