Suicide : survivre à sa conjointe | VIVA MÉDIA Skip to main content

Survivre à son conjoint peut-être parfois difficile. Surtout, lorsque le décès survient par un geste volontaire. Entrevue avec un homme qui poursuit sa route, mais qui garde le souvenir de sa conjointe tout près de son cœur.

Frédéric a contacté la ressource le Tournant, située à Salaberry-de-Valleyfield. L’aide obtenue lui a été salutaire. (Photothèque)

Pour Frédéric (nom fictif), la 31e Semaine nationale de prévention du suicide vient réveiller bien des émotions. Pour cause, il y a 51 semaines, sa conjointe mettait fin à ses jours. L’homme dans la quarantaine assure que sans aide, il ignore s’il serait passé au travers. D’ailleurs, c’est encore difficile pour lui. La plaie est refermée, mais la guérison est loin d’être complétée.

Broyer du noir, se questionner, éclater en sanglots, ne jamais voir le jour où l’on sera capable de sourire de nouveau, ces états d’âme ont été le quotidien de Frédéric. Sa douleur, qui est encore présente, était suffisamment importante pour qu’il songe lui aussi à mourir.

« J’ai été tellement démoli, admet-il. Je me suis senti réellement coupable et pourtant, je n’avais rien à me reprocher. Comme si ma douleur n’était pas suffisante, j’ai dû faire face au jugement et à plusieurs méchancetés. Parfois, les gens cherchent un coupable pour absolument rien. Ma conjointe avait déjà fait des tentatives de suicide. En février dernier, elle a réussi son plan. D’ailleurs, c’est elle-même qui a appelé le 9-1-1 avant de passer à l’acte. »

De l’aide

À la suite du décès de sa conjointe, Frédéric dit avoir ressenti le regard des gens se poser sur lui. Déjà qu’il devait composer avec des questions qu’il n’aurait jamais de réponse, voilà que certains en ajoutaient. Par chance, il a pu trouver du réconfort auprès de sa belle-famille. « Ils m’ont beaucoup aidé, confirme-t-il. Ils m’ont soutenu. Mais, j’ai tout de même demandé de l’aide professionnelle. Je sentais que j’étais fragile. Mettre un genou au sol et demander de l’aide, c’est parfois la meilleure solution. »

Le Tournant

Frédéric a contacté la ressource le Tournant, située à Salaberry-de-Valleyfield. L’aide obtenue lui a été salutaire. « J’ai parlé, parlé encore, j’ai obtenu l’aide nécessaire afin de retrouver une certaine quiétude. Lorsque les mesures sanitaires le permettront, je compte faire une thérapie sur le deuil avec le Tournant. Je croyais que cette ressource était pour les gens souffrant de problèmes graves de santé mentale, mais ce n’est vraiment pas le cas. »

Puisque le suicide de sa conjointe s’est passé dans leur appartement, Frédéric avoue être déménagé. « Je n’étais plus capable d’habiter là, confirme celui qui avoue ne pas savoir encore si un jour il sera capable de refaire sa vie affective. Je sentais sa présence continuellement. J’avais espoir lorsque j’ouvrais une porte qu’elle serait derrière et que tout cela n’était qu’un cauchemar. »

Steve Sauvé

Journaliste

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