Plus d’une soixantaine de personnes se sont mobilisés, le 23 octobre dernier, devant les bureaux de monsieur Claude Reid, député de Beauharnois afin de souligner leur appui au Comité Sauvons le Centre Mère Enfant à Valleyfield.
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Plusieurs des dix services qui seront délocalisés de l’Hôpital du Suroit vers le nouvel hôpital de Vaudreuil-Soulanges affectent particulièrement les femmes : le Centre mère enfant qui reçoit les nouvelles mères et leurs bébés, la pédiatrie qui traite les enfants de 0 à 12 ans et bien souvent leurs mères qui les accompagnent, la gynécologique et le centre de référence investigation désignée qui sert à accueillir les femmes qui ont des mammographies anormales afin faire des biopsies pour déterminer le traitement nécessaire pour le cancer.
Trois organisations, l’Accueil pour Elle, D’main de Femmes et le CALACS la Vigie, qui ont pour mission d’aider les femmes dans différents aspects de leurs vies ont joint la mobilisation Sauvons le Centre mère enfant afin de présenter à Monsieur Reid, le député de Beauharnois, le portrait des femmes de notre région et la nuisance que cela aura sur leur qualité de vie si ces services sont délocalisés. Les femmes de la région lui lancent un appel à l’aide.
Marie-Claude Gareau, directrice générale à l’Accueil pour Elle nous présente un portrait des femmes qu’elle rencontre à son organisme : « Le nombre de femmes et d’enfants que nous recevons chaque année soit 82 femmes et 70 enfants hébergés l’an dernier en plus de 129 femmes en externe, à l’Accueil pour Elle et ce, depuis 43 ans nous permet d’affirmer que plusieurs de ces femmes et enfants vivent avec les conséquences de cette violence et qu’ils ont besoin de services au niveau de la pédiatrie, de la gynécologie et des accouchements. Les femmes et les enfants que nous recevons dans nos services ont besoin de soins rapidement. Ils vivent très souvent, 89% dans la pauvreté, dans l’insécurité, n’ont souvent pas de réseau social et n’ont pas de véhicule pour se déplacer.
Il n’est pas rare de voir dans notre pratique, des femmes qui vivent avec des problématiques de santé mentale incluant des troubles psychosomatiques et de l’abus de substances comme conséquences de la violence vécue à cause de leur conjoint. De plus, 30 % des femmes présentent également des troubles au niveau de la santé physique et plusieurs vivent également des conséquences sexuelles. Sans oublier les enfants qui présentent des conséquences d’avoir été exposés à la violence conjugale. »
Karine Gagné coordonnatrice au Centre d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caractère Sexuel (CALACS) La Vigie poursuit sur les effets que la violence sexuelle a sur les femmes enceintes. « La grossesse est une étape marquante de la vie et celle-ci n’est pas toujours facile, notamment pour les femmes ayant subi de la violence sexuelle. Au point de vue psychologique, la grossesse amène un niveau de stress beaucoup plus élevé et plusieurs vivent des symptômes psychosomatiques reliés à la violence sexuelle qu’elles ont vécue, et ce, sans vraiment en être consciente. Par exemple, les femmes peuvent être plus sensibles au sentiment de perte de contrôle sur leur corps lors de la grossesse. De plus, l’idée de souffrir et de ressentir de la douleur lors de l’accouchement est un facteur anxiogène qui peut amener des complications lors du travail. Les femmes auront de la difficulté dans la gestion des émotions et certains mécanismes de défense du corps peuvent les amener à dissocier et à perdre le contact avec la réalité. Cela dit, les conséquences psychologiques vécues par la femme lors de la grossesse et de l’accouchement peuvent apporter des complications importantes et celles-ci peuvent rendre le travail et les interventions médicales plus complexes. En surcroit, se retrouver à des kilomètres du Centre mère enfant représente un facteur aggravant et anxiogène pour les femmes en général et l’impact est encore plus important pour celles ayant vécu de la violence sexuelle. Le CALACS dessert aussi le Haut-Saint-Laurent et nous appréhendons beaucoup ce que cela fera sur les femmes de cette région. »
Finalement, mais non la moindre, Vanessa Richer intervenante communautaire à D’Main de Femmes nous rappelle que la pauvreté est un problème de société et malheureusement les femmes sont souvent touchées de manière plus systémique. Il ne faut pas sous-estimer l’impact de cette pauvreté sur la mobilité de plusieurs femmes d’ici et non seulement les jeunes mamans. Les femmes ainées auront de la difficulté à se rendre dans une autre ville pour recevoir des soins en gynécologie ou pour des tests pour le cancer. Parmi les déterminants sociaux de la santé, le plus important c’est la proximité des services. Encore une fois, c’est la population la plus vulnérable qui va perdre dans ce déménagement.
« Monsieur le député, Claude Reid, vous êtes venu à D’Main de Femmes pendant votre campagne électorale pour nous exprimer que la condition féminine était un enjeu important pour vous et votre parti. Maintenant est votre chance de démontrer votre appui. On vous demande d’aller voir le ministre de la Santé et des Services sociaux, Monsieur Christian Dubé, pour mettre de la pression et faire valoir nos revendications si importantes. »
Les femmes de la région réclament à Monsieur Reid de les aider à ce que le Centre Mère-Enfant, la pédiatrie, la gynécologie et le centre de référence investigation désignée demeurent à l’Hôpital du Suroit afin de mieux répondre aux besoins des femmes et des familles. Nos familles vulnérables ne peuvent pas se permettre de perdre des services si importants. Cela compromettrait la santé et la sécurité des femmes et des enfants du Haut-Saint-Laurent et de Beauharnois-Salaberry. En tant que collectivité, pouvons-nous accepter de faire vivre de l’insécurité à des femmes qui en ont déjà bien assez vécu ? Pouvons-nous cesser de ne rien faire pendant que notre système est malade ? Malade d’une centralisation excessive qui fait en sorte que les services sont délocalisés malgré les besoins immenses de la population.
La population de la région est debout et forte malgré la pandémie grâce à plus de 5000 signatures de la pétition et de plus de 34 résolutions dont 12 du milieu municipal, de syndicats, d’organismes, de la Chambre de commerce, etc. C’est maintenant aux élus de faire valoir les besoins de leurs populations face à l’administration publique qui semble avoir oublié le sens du service public.