Impossible de dresser un profil type des gens qui ont des idées suicidaires ou qui ont déjà tenté de mettre fin à leurs jours. Joyeuse, ricaneuse et dotée d’une intelligence supérieure à la moyenne, Louise Labrecque a eu en tête le suicide pendant plus de 35 ans.
Louise Labrecque est la preuve même que la détresse psychologique peut frapper sans discrimination. (Photothèque)
Dès l’âge de 17 ans, Louise Labrecque a tenté de mettre fin à ses jours. Elle n’en pouvait plus de vivre continuellement avec un vide intérieur. Celle qui a complété un baccalauréat en enseignement du français explique qu’à la suite de sa première tentative du suicide, que son geste a été banalisé.
« À l’époque, les gens ne parlaient pas vraiment du suicide, confirme Mme Labrecque. À la suite de ma première tentative, j’ai rencontré un travailleur social. Cependant, c’est loin d’avoir été bénéfique. Ça n’a pas été concluant. »
Les épisodes de détresse se sont poursuivis sur une longue période pour elle. D’ailleurs, les gens de son entourage ne pouvaient même pas suspecter le mal intérieur qu’elle ressentait.
« J’ai rencontré mon mari j’avais 18 ans, dit-elle. Nous avons eu des enfants, un bon emploi, une maison, nous faisions des voyages. Les gens ne comprenaient pas que j’avais des idées noires malgré tout. Tous me disaient que j’avais tout pour être heureuse. Mais à l’intérieur, j’avais un mal de vivre intense. »
Hospitalisations
Pendant les années où les idées sombres ont fait partie de son quotidien, Louise Labrecque a séjourné à quelques reprises dans une unité de psychiatrie. « À un certain moment, j’ai eu un diagnostic de dépression sévère et majeure avec événements psychotiques, mentionne celle qui ne se rendais même pas compte qu’elle n’allait pas bien. Je pouvais me lever un dimanche et que mes derniers souvenirs dataient du lundi d’avant. Ma mémoire en a pris un coup. J’avais même de la difficulté à parler. Ce sont les élèves de ma classe qui ont averti la direction que je n’allais pas bien. »
Louise Labrecque ne le cache pas. Le suicide occupait toutes ses pensées. « C’était 24 heures sur 24, 365 jours par année. J’avais trouvé comment, où et quand. Ma lettre était écrite. »
Fetzima
Sa dernière hospitalisation remonte à 2017. À ce moment, elle a entrepris la prise d’un médicament appelé Fetzima. Ce médicament fait partie du groupe d’antidépresseurs appelés inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN). On l’utilise pour traiter les symptômes du trouble dépressif majeur. C’est aussi lors de cette période qu’elle a entendu pour la première fois le diagnostic Trouble de la personnalité limite (TPL).
« Le médecin m’a remis une brochure que je devais lire, souligne l’ancienne enseignante. C’était indiqué que si j’avais 5 des 9 critères, qu’il y avait de fortes probabilités que je sois atteinte du TPL. Dans mon cas, j’ai répondu positivement aux 9 questions. Pour la première fois, le médecin a mis le doigt sur le bobo. »
Thérapie
En 2018, Louise Labrecque a entrepris une thérapie cognitivo-comportementale. « C’est magnifique. C’est une thérapie de groupe. Nous apprenons ensemble à vivre avec le TPL. Je peux dire après 35 ans à souffrir qu’aujourd’hui je vais bien. J’ai énormément cheminé. Je n’ai plus d’idées sombres. »
Mme Labrecque précise que si elle avait la chance de rencontrer l’adolescente qu’elle était lors de sa première tentative de suicide, qu’elle lui suggèrerait de penser à elle et d’arrêter de vouloir faire plaisir à tous. De s’aimer et de s’écouter.