Changer la réalité des autres est parfois plus simple que l’on croit. Mme Louise Vendette le prouve par son projet qui fait concrètement une différence notamment chez les patients souffrant d’Alzheimer.
Ce projet d’une vie est né à la suite d’un songe où Mme Vendette a vu plusieurs poupées. À l’époque, cette dernière demeurait avec sa mère âgée de 90 ans. Les poupées ont toujours eu une importance particulière, pour sa mère qui dans sa jeunesse possédait une magnifique collection. Vivant alors en Belgique, les Allemands ont envahi le territoire, obligeant sa famille à s’enfuir en laissant derrière leurs biens, dont la collection de poupées.
Désirant faire plaisir à sa mère, Louise Vendette lui confectionne alors une poupée. Lorsqu’elle lui remet le précieux cadeau, le visage de cette dernière s’illumine. Elle réalise alors le bienfait que peut apporter une poupée.
Mme Vendette est infirmière de profession qui cumule 40 années de pratique, notamment en psychogériatrie à l’Hôpital Sainte-Anne. En constatant le bonheur que la poupée procure à sa mère, elle décide alors de faire l’essai avec les patients de l’hôpital.
C’est en 2013 que Mme Vendette, accompagnée d’une infirmière clinicienne, entreprend des recherches cliniques sur l’approche avec une poupée. Dans l’établissement où elle travaille, elle instaure cette approche en utilisant des poupées réalistes qui ressemblent à s’y méprendre à des véritables bébés. En 2020, des poupées sont alors disponibles sur presque tous les étages de l’établissement.
Des poupées réalistes
Deux types de poupées sont fabriquées par l’infirmière soit celles au corps souple et celles au corps rigide. Celles au corps souple, nommées les poupées câlins, sont utilisées auprès de la clientèle vivant avec des troubles cognitifs. Les poupées ont des cheveux peints afin de faciliter le nettoyage. Elles sont vêtues de vêtements rétro qui rappellent une époque chère au cœur des patients. Soulignons que les poupées ont une suce commune. Les suces aimantées ne sont pas conseillées puisqu’elles peuvent nuire au bon fonctionnement d’un stimulateur cardiaque. Les poupées confectionnées par Mme Vendette pèsent en moyenne 2.5 lb. Notons que ce genre de poupées pèsent généralement 5 lb. Ceux de Mme Vendette sont moins lourdes afin de ne pas causer de douleur aux personnes souffrant d’arthrite.
La confection de poupée demande environ 30 heures. Chaque détail est peint à la main par l’infirmière. Cette dernière passe de nombreuses heures à es peaufiner afin de la rendre réaliste.
L’approche par la poupée
Mme Vendette explique qu’il s’agit d’une thérapie non médicamenteuse permettant de réduire l’usage des antipsychotiques. Son utilisation est particulièrement efficace auprès des patients ayant des troubles cognitifs. La poupée est utilisée, notamment pour faire diversion lors des soins, pour rassurer un patient agité, anxieux ou qui pleure. Par leur réalisme, les poupées réconfortent et ravivent des souvenirs, agissant ainsi sur la mémoire affective.
Les participants à la thérapie par les poupées sont sélectionnés en amont de l’approche. Il est important de s’assurer que l’utilisation des poupées sera bénéfique pour le patient.
Les séances sont encadrées et durent entre 5 et 20 minutes.
À qui s’adresse l’approche par la poupée?
L’approche peut s’adapter à plusieurs clientèles. Elle est notamment utilisée auprès d’enfants vivant avec un spectre de l’autisme ainsi qu’auprès d’enfants et d’adultes polyhandicapés. Parmi les nombreuses études effectuées par Mme Vendette, figure celle mise en place dans une classe de maternelle.
Dans le cadre de cette étude, l’enseignante mentionne que la poupée-bébé a été bénéfique pour ses élèves ; elle a apaisé l’anxiété de certains, à aider d’autres à se calmer tout en étant un outil de dépannage lors de crises.
Formation et livre
C’est en 2020, après une décennie de recherche sur l’approche par la poupée que Mme Vendette signe Thérapie complémentaire de soins -L’approche par la poupée-Pour enfants et personnes aînées vivant en CHSLD, paru aux éditions Crescendo.
Mme Vendette offre des formations au personnel des établissements qui désirent s’enquérir d’une poupée. La mission de l’infirmière est d’accompagner et d’informer le personnel sur les bienfaits de cette approche tout en les formant afin que les résultats soient optimaux.
Le projet d’une vie
Louise Vendette croit tellement à son projet qu’elle y consacre tout son temps. Lorsqu’elle ne confectionne pas des poupées, jusque tard le soir, elle effectue des recherches afin de s peaufiner son expertise. Elle multiplie les démarches auprès des établissements de santé, convaincue des bienfaits de cette approche efficace et innovante. Selon elle, tous les centres devraient pouvoir offrir à leurs résidents une poupée-bébé réaliste tout comme les chats et chiens robotisés.
