L’île Dondaine est un joyau de la communauté, un site incroyable offrant un écosystème d’une richesse insoupçonné. De génération en génération, les citoyens se sont approprié le lieu qui est devenu au fil du temps un incontournable. Comme partout, qui dit homme, dit hommerie, et il est là le fond du problème. Il serait utopique de croire que seuls des gens bien intentionnés et respectueux fréquentent le site.
Au début du mois d’août 2024, la FRAS a fermé la fameuse barrière donnant accès à l’île Dondaine. Cette décision a mené à une série de commentaires sur les réseaux sociaux provenant de citoyens indignés. Le fait est que derrière cette décision, il y a une réalité : celle des riverains, celles des usagers de la FRAS et celle d’un site qui connait depuis plusieurs années des enjeux de sécurité.
Depuis des décennies, le lieu est l’hôte de fêtes improvisées durant lesquelles la musique, le bruit, les cris et les feux de camp sont courants. Les bouteilles fracassées et les débris témoignent de ces festivités improvisées, mais ceci n’est que la genèse de la problématique.
La pointe de l’iceberg
Braconnage, joute de fusil à peinture dont les balles sont remplacées par des balles de fusil à plomb, relations sexuelles dans des véhicules stationnés près des bâtiments dont celui accueillant des enfants et dont un a été témoin, voyeurisme, vandalismes sur les véhicules des employés, crevaisons de pneus, phares de voitures dirigés en pleine nuit vers les voisins, animaux tués et exposés comme des trophées, sacs repêchés dans le lac contenant des corps d’animaux morts noyés, démantèlement d’un campement de production de crystal meth (la Sûreté du Québec est intervenue), feux extérieurs et musique, envahissement de l’espace personnel des usagers, pratique de golf dont les balles sont projetées sur les bâtiments, voitures stationnées dans le chemin entravant le chemin aux autres véhicules, dont ceux d’urgence. Les chiens qui se promènent librement représentent également un problème puisqu’ils s’approchent des usagers, qui sont des gens vulnérables.
La présence de chasseurs à l’automne dont les projectiles sont retrouvés un peu partout puisqu’ils tirent vers l’intérieur. D’ailleurs, selon la directrice Brigitte Asselin, un employé aurait évité de justesse une balle qui serait passée à trois pieds de lui. Aussi, un des murs de la salle commune témoigne des tirs reçus tant sur le bâtiment que dans les fenêtres. Soulignons également qu’un riverain a reçu une balle perdue dans la fenêtre de sa maison.
Rien de nouveau
Tel que témoigne Jean-Luc Brassard, un riverain qui connait bien le lieu, l’île a une historique problématique. « L’endroit a toujours été un lieu festif. À l’époque mes parents ont souvent été contraints de téléphoner aux policiers, parce qu’à l’époque les partys des années 70 et 80 étaient à un autre niveau. Tranquillement, cela a évolué et la chute a été fermée. Il y avait beaucoup de gens qui se baignaient dans la petite chute, mais il y a eu un point tournant en 1994 lorsque nous avons sauvé un enfant de la noyade. Il était pris après une corde et il avait la tête dans l’eau. Son petit cousin a eu la présence d’esprit de venir cogner à la porte de mes parents et nous avons réussi à le sortir de l’eau, confie M. Brassard avec émotion. Hydro-Québec s’en est mêlée puisqu’il s’agissait de sa chute. Un gardien a été affecté sur place durant quelques années et cela a vraiment changé la donne. Au moment de la fusion entre Valleyfield et Grande-Île, ce dernier a été retiré ».
Jean-Luc Brassard poursuit en mentionnant qu’avant la pandémie, un réseau de prostitution a été démantelé. Cela se déroulait la nuit, à l’intersection des chemins. Puis, quelqu’un s’est pendu au pont. « Se réveiller le matin et découvrir quelqu’un de pendu, ce n’est pas facile », mentionne tristement M. Brassard en prenant une pause.
Il relate également qu’il lui est arrivé de se promener en canot avec sa conjointe et son fils et qu’ils ont découvert des objets sexuels flottant à la dérive. D’ailleurs, à ce moment de l’entrevue, M. Brassard appuie ses dires avec des photographies démontrant un lot considérable d’objets sexuels aperçus ce jour-là en présence de son fils.
« En pandémie, nous avons entendu parler des plages en Gaspésie qui étaient devenues des dépotoirs, mais c’était la même chose ici. Je me promenais chaque matin avec mon fils avec des sacs de poubelle que je remplissais de déchets. C’était un dépotoir de déchets abandonnés laissés par des gens qui avaient fêté toute la nuit. Il y a quelques années, des gens sont arrivés avec trois brouettes contenant un système de son et une génératrice ».
Laboratoire clandestin
M. Brassard conclut son témoignage en racontant qu’il n’y a pas si longtemps, une opération policière s’est déroulée sur les lieux afin de démanteler un laboratoire clandestin de drogue. « C’était un laboratoire tout de même d’envergure parce que je me promenais avec mes enfants et nous reconnaissions les agents vêtus en citoyens qui posaient des questions. Cela a tout de même duré un certain temps ».
Une île aux richesses insoupçonnées
Tel que le mentionne le riverain, l’île Dondaine est un véritable trésor. Du saumon, une tortue plus que centenaire qui est suivie par des biologistes, un arbre dont l’âge se situe entre trois et quatre cents ans, voilà des exemples des richesses de l’île.
Fermeture de ladite barrière
Mme Asselin mentionne que c’est par sécurité tant pour les usagers, les employés et les citoyens que la barrière a été fermée plus tôt au mois d’août. Elle mentionne qu’à la suite de l’acquisition du site en 2023, l’organisme a tenté à 9 reprises de communiquer avec la Ville afin de trouver des solutions concernant les méfaits en plus de régler le droit de passage. De façon verbale, différentes demandes ont été faites en plus des courriels envoyés. Dès le 29 mai 2023, la FRAS mentionne lors d’une rencontre avec le maire Miguel Lemieux et la directrice générale, les problèmes rencontrés sur le site. De plus, l’assureur de la FRAS exige l’acte notarié concernant le droit de passage, document demandé par l’organisme depuis 15 mois. « Les assurances ne veulent pas couvrir notre portion parce qu’il y a des exigences dont le droit de passage. », mentionne Mme Brigitte Asselin.
La FRAS insiste sur le fait que c’est une question de critères à respecter auprès des assureurs qui retarde la possibilité de rendre les sentiers à nouveau accessibles et sécuritaires et le droit de passage notarié est l’élément majeur dans les critères à rencontrer, et pour lequel l’organisme attend une collaboration aux fins de régler la question depuis mai 2023.