Des femmes qui aiment trop, qui pardonnent trop et sont mal aimées, il y a des milliers. Nous les entendons peu, nous les voyons peu, car bien souvent un amalgame de honte, de culpabilité et d’impuissance à se sortir d’une situation amoureuse malsaine, les empêchent de raconter leur histoire.
VIVA MÉDIA a rencontré une survivante, une femme qui malgré les années qui séparent l’époque où elle a partagé sa vie avec celui qu’elle nomme son agresseur, se reconstruit encore à l’heure actuelle. Marie a aujourd’hui 32 ans. Elle a rencontré Martin alors qu’elle avait 19 ans. Elle souligne que la première année de leur union s’est déroulée sans le moindre épisode de violence. Martin était charmant, amoureux, affectueux et attentionné. Tout le monde aimait Martin. Il était de ceux qu’on qualifie aisément de bons gars.
« Un jour, un de ses amis est venu l’attendre à la maison. Lorsqu’il est entré, j’ai vu à son expression que ça ne faisait pas son affaire. Dès que son ami est parti ce soir-là, on s’est disputé et il m’a frappée pour la première fois ».
Marie explique qu’une fois la tempête passée, Martin lui confie qu’il ne va pas bien et qu’il croit être en dépression. Il implore son aide et son soutien en promettant de prendre un rendez-vous avec son médecin.
« Ce gars-là, c’est le premier homme que j’ai aimé. En fait, je l’aimais encore plus que je pouvais le détester. C’était ma première relation, je ne connaissais rien de l’amour sain. J’ignorais alors que me faire traiter de tous les noms, de toujours craindre qu’il se fâche et qu’on se chicane, c’était aussi de la violence. Je ne savais pas non plus qu’avoir des relations sexuelles pour acheter la paix ou en espérant que ça le rendrait de bonne humeur et qu’il arrêterait de tout brasser dans l’appartement, c’était aussi une forme de violence ».
Un soir de décembre, le couple se dispute. Martin ouvre la porte et pousse Marie, peu vêtue, à l’extérieur. Il lui ordonne de partir et de ne plus revenir. Ne sachant où aller, puisque sa mère ne vivait désormais plus dans la région, la jeune femme se rend au dépanneur le plus près et téléphone aux policiers qui la conduisent à L’accueil pour elle.
« J’y suis restée 1 semaine. J’ai honte de dire ça, mais c’est moi qui lui ai demandé de revenir à la maison. Je ne peux pas expliquer pourquoi. Quelques jours plus tard, il m’a demandé de partir. Pendant mon absence, il avait rencontré quelqu’un d’autre. Complètement démolie, je suis retournée à L’accueil pour elle. Ce jour-là, en me mettant à la rue, il m’a redonné ma liberté et la possibilité de me reconstruire. C’est la seule chose dont je lui suis reconnaissante. S’il ne l’avait pas fait, je ne sais pas combien de temps j’aurais enduré tout ça. J’étais certaine qu’il pouvait changer. Lorsque ça allait bien, ça allait bien. Lorsque ça allait mal, je me disais que je savais comment il était dans le fond, que je savais qu’il pouvait être un bon amoureux. J’étais jeune, je n’avais rien compris ».
Marie conclut en disant que si elle avait un conseil à donner aux femmes victimes de violence ce serait de partir sans attendre. « On pense qu’ils sont de bonnes personnes, qui pour une raison X, deviennent des monstres quelques instants, mais c’est le contraire. Ce sont des monstres qui montrent une bonne facette d’eux-mêmes avant de redevenir des monstres. On ne peut pas changer ces gars-là et encore moins les sauver, mais on peut et on doit nous sauver nous-mêmes. C’est la seule solution ».
Aujourd’hui Marie se dit heureuse. Célibataire par choix, elle souligne que désormais, ne rentre pas dans sa vie qui le veut.
*Afin de respecter le désir de Marie de partager anonymement son histoire, les prénoms utilisés sont fictifs ».