Les tarifs douaniers sont assurément le sujet de l’heure et pour cause : incertitude, hausses de prix aux consommateurs, risques de représailles commerciales, impacts sur les entreprises qui dépendent des matières premières importées, ect. Des acteurs de tous les milieux se mobilisent pour tenter d’atténuer les conséquences et trouver des solutions adaptées à ce climat de tension économique.
Une étude réalisée par Aviseo Conseil en collaboration avec BCF souligne l’importance des exportations pour l’économie québécoise, représentant 32 % du PIB, dont près de la moitié est destinée au marché américain. L’analyse met en évidence neuf secteurs particulièrement exposés à d’éventuelles hausses tarifaires imposées par les États-Unis. Ensemble, ces industries emploient environ 100 000 personnes, soit 2,3 % de la main-d’œuvre québécoise, et contribuent à hauteur de 4 % au PIB de la province. Parmi les plus à risque, l’industrie de l’aluminium se distingue par son interdépendance avec le marché américain, tandis que l’aérospatiale, le bois et l’automobile figurent également parmi les secteurs vulnérables.
L’étude souligne qu’une réplique tarifaire canadienne pourrait entraîner des conséquences négatives sur l’économie québécoise en augmentant le coût des intrants et des équipements de production importés des États-Unis.
Des choix déchirants
Les entreprises québécoises seront confrontées à des décisions difficiles. Devant la pression des coûts accrus, elles devront choisir entre augmenter les prix pour leurs clients, réduire leur production, délocaliser une partie de leurs activités aux États-Unis ou, dans le pire des cas, cesser leurs opérations. Pour éviter de telles conséquences, il est impératif que les gouvernements mobilisent tous les leviers à leur disposition afin d’exercer une pression sur l’administration américaine et limiter les impacts économiques.
« Ce ne sont pas toutes les entreprises exportatrices qui ont les reins assez solides pour absorber une augmentation de tarifs de 25%. L’aide gouvernementale annoncée aujourd’hui, notamment le programme Frontière offrant des liquidités pour les entreprises affectées à court terme, est essentielle pour favoriser la survie de celles-ci. Il faut aussi penser à moyen et long terme, en mettant rapidement en place des mesures permanentes assez efficaces pour améliorer la productivité et protéger la compétitivité des entreprises », explique Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la FCCQ.
L’exportation bioalimentaire
L’Union des producteurs agricoles (UPA), Sollio Groupe Coopératif (SGC), le Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ), l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADAQ), le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) et Aliments du Québec (AQ) demandent aux gouvernements du Canada et du Québec de prioriser la sécurité alimentaire et la vitalité de nos régions dans toutes leurs réflexions, discussions et décisions portant sur les tensions commerciales avec les États-Unis.
L’UPA a rappelé que la majeure partie des exportations bioalimentaires québécoises était destinée aux États-Unis (72 % en 2024; 9 G$). L’imposition de tarifs douaniers américains sur les marchandises en provenance du Canada affecterait donc très négativement les secteurs qui misent fortement sur l’exportation de leurs produits au sud de la frontière, comme les fruits, les légumes et leurs préparations (924 M$), les produits céréaliers incluant la boulangerie (846 M$), les boissons (594 M$), la viande porcine (589 M$), les produits d’érable (457 M$), la viande bovine (201 M$) et les pommes de terre (152 M$).
Sources :
L’Union des producteurs agricoles, BCF, Banque de développement du Canada