Pas moins de 225 travailleurs étrangers viennent travailler auprès des travailleurs maraîchers dans la MRC de Vaudreuil-Soulanges.
Alfredo travaille sur la terre de Réjean Pilon avec son fils à Saint-Clet. Photo Stéphane Fortier
Selon l’agence Ferme Québec, la majorité des travailleurs agricoles étrangers sont originaires du Mexique (54 %) et du Guatémala (44 %). Environ 2 % viennent des pays limi-trophes. De plus, 51 % des travailleurs étrangers reçus sont basés en Montérégie.
Pas moins de 5092 travailleurs du Mexique sont venus au Québec l’an dernier occuper 6020 postes (plusieurs travailleurs viennent compléter plus d’un contrat de travail chez plusieurs employeurs successifs). Cette façon de faire est courante dans l’industrie et comporte plusieurs avantages pour les employeurs, dont celui de s’adapter aux besoins réels de la production. Côté Guatémaltèques, on compte 4606 travailleurs pour 4862 postes.
Les producteurs embauchant des travailleurs étrangers sont, à partir de ce moment, responsables d’eux, autant en ce qui a trait au logement (il leur faut en trouver un convenable) que du fait de s’assurer qu’ils puissent profiter de tous les services dont ils ont besoin, en commençant par les services de santé. Si un employé tombe malade ou est victime d’un accident, l’employeur a le devoir de s’en occuper.
Pourquoi les embaucher?
Chaque année, plusieurs personnes s’étonnent de voir débarquer autant de travailleurs latinos chez les producteurs agricoles du Québec. C’est que, principalement, les gens d’ici ne sont pas intéressés d’occuper ces postes manuels et souvent répétitifs au salaire minimum.
Ceux qui croient que les producteurs discriminent les travailleurs locaux, il faut savoir que pour avoir droit d’embaucher des travailleurs étrangers, les entreprises agricoles doivent démontrer que les postes disponibles ont été offerts à des gens d’ici en premier lieu.
Travailleurs acharnés
Généralement, pour ne pas dire de façon unanime, les producteurs agricoles, qui embauchent des travailleurs latinos, sont fort satisfaits du rendement de ces travailleurs occasionnels. « Ce sont des gens qui sont habitués à travailler à l’extérieur dans les grandes chaleurs et sont habilités à effectuer du travail sur la terre », indique Patrick Van Den Abeele, propriétaire du Centre Jardin Vaudreuil-sur-le-Lac qui embauche trois travailleurs guatémaltèques depuis 2010. Ces travailleurs viennent travailler d’avril à juillet. « J’ai toujours été satisfait de leur travail. Ils savent ce qu’ils ont à faire dès qu’on leur a expliqué. Et, dans mon cas, il faut que je leur dise de s’arrêter, sinon ils continuent de travailler. Il faut leur dire d’aller dîner autrement, ils ne s’arrêtent pas », raconte Patrick Van Den Abeele qui ajoute que s’ils travaillent six jours, en général, ils seraient ouverts à en travailler un septième. De fait, ils peuvent travailler parfois jusqu’à 76 heures par semaine.
« Il sont contents, heureux d’être ici et très minutieux. Ils comprennent le langage du travail », de dire Patrick Van Den Abeele,
Pour améliorer son sort
À la ferme de Réjean Pilon à Saint-Clet, ils sont quatre Guatémaltèques à y travailler (deux avec leur fils). « Cela fait 9 ans que j’embauche des travailleurs étrangers, nous dit Réjean Pilon qui cultive des légumes, des petits fruits et des fleurs ornementales. Je leur confie des tâches de plantation, de récolte, de désherbage et d’entretien. Ce qui leur plaît particulièrement, ici, c’est qu’ils ne font jamais la même chose, c’est moins routinier », indique le producteur maraîcher clétois. Sur les quatre employés latins, deux sont à la ferme de Réjean Pilon depuis neuf ans. « Ils sont ici pour travailler et cela paraît. Ils n’ont jamais manqué une journée », de dire Réjean Pilon qui maîtrise bien l’espagnol. En général, les travailleurs guatémaltèques de la ferme de Réjean Pilon viennent pour un contrat d’une durée de six mois et ils travaillent six jours par semaine. Le premier est arrivé en mars.
Alfredo, qui parle un peu le français, nous a expliqué pourquoi il avait choisi de venir travailler au Québec. « Nous le faisons pour notre famille. La situation économique est difficile dans notre pays », justifie Alfredo qui possède sa terre au Guatémala.
Lorsqu’arrive la journée de congé, les travailleurs de Réjean Pilon se rendent à Salaberry-de-Valleyfield pour faire des courses et manger du chinois avec des compatriotes.
12 Guatémaltèques
Philippe Schryve, président de l’entreprise Diva Endives basée à Saint-Clet, laquelle se veut la plus importante dans le domaine de la production d’endives au Canada, embauche 12 à 18 employés étrangers provenant du Guatémala et ce, toute l’année durant. « J’en engage depuis 2006 et 90 % de ceux qui viennent aujourd’hui sont là depuis le début », mentionne Philippe Schryve. Pourquoi, dans son cas, embaucher des travailleurs latinos? « Personne ici ne veut plus faire ce genre de travail. On parle de travail sur la terre, à la chaîne, du travail manuel. Dans la plupart des cas, on leur attribue des tâches au niveau de la plantation, de la transformation et de l’emballage », explique le président de l’entreprise.
« Je sais qu’il y a beaucoup de préjugés envers les travailleurs étrangers, mais si on me les enlevait, je fermerais boutique demain matin. Je n’y arriverais pas sans eux. Cela prendrait trois travailleurs québécois pour le travail d’un seul Guatémaltèque. Et ils sont fidèles, assidus et productifs. Si je recule dans le temps où mes travailleurs étaient tous du Québec, le taux d’absentéisme était important. En 11 ans, le taux d’absence est minime et quand cela arrive, ce sont des cas de forces majeures », révèle Philippe Schryve.
Et il y a aussi les réalités du marché. « Les clients sont de plus en plus exigeants et ils veulent tout à très court terme. Les travailleurs québécois veulent des horaires fixes, mais dans notre domaine, en agriculture, c’est impossible. Ce sont des horaires variables, on n’a pas le choix », de conclure Philippe Schryve.